L’économie sociale et solidaire au cœur du projet des lieux culturels émergents

L’économie sociale et solidaire au cœur du projet des lieux culturels émergents
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Troisième volet de la série d’articles écrite par Cassandre Jolivet, auteure d’une thèse professionnelle, dirigée par Elena Borin à la Burgundy School of Business de Dijon, sur les espaces culturels émergents, autrement appelés « espaces culturels intermédiaires ».

Lieux intermédiaires (3/6)

Créer du lien social, rassembler, partager, mutualiser… Telles sont les propositions qu’on retrouve dans les projets des lieux culturels dits intermédiaires. Comment ces lieux se construisent-ils sur un modèle proche de l’économie sociale et solidaire, et en quoi cela consiste-il concrètement ?

Selon le gouvernement, l’économie sociale et solidaire (ESS) est un concept qui « désigne un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale ». Cette dynamique rappelle celle des acteurs culturels, qui rassemblent les citoyens autour de projets artistiques afin de donner lieu à des échanges, en parallèle d’actions sociales visant à démocratiser la culture.

Entrepreneuriat et développement durable

Le « modèle d’affaires » (Business Model) théorisé par Alexander Osterwalder, outil clé de l’entrepreneuriat, est régulièrement remis en question. Récemment, en résonance avec le développement de l’ESS, on s’est demandé comment l’adapter pour entreprendre dans une logique de développement durable.

On retient plusieurs propositions : l’une suggère de mettre les objectifs sociaux et environnementaux à égalité avec les objectifs économiques (1) ; une autre, plus récente, ajoute un quatrième pilier, la culture (2).

En effet les valeurs culturelles semblent être le socle idéal pour créer des entreprises s’inscrivant dans un objectif de développement durable. Les lieux culturels émergents en sont l’exemple. On dit qu’ils évoluent dans des écosystèmes, soit des environnements animés par des interactions entre acteurs d’un même territoire, grâce à un travail en réseau où ils mutualisent leurs ressources pour renforcer leurs activités.


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1/6 – Comment appréhender les espaces culturels émergents ?

Le champ social et solidaire, valeur forte de la culture

Les lieux culturels émergents disposent de lieux uniques qu’ils considèrent comme un outil qu’ils ont pour mission de partager, de mettre à disposition des artistes, au service de l’éducation, dans le but de rassembler les citoyens. Pour ce faire, ils travaillent avec des acteurs du champ social. La Taverne Gutenberg, qui met l’accent sur l’insertion des jeunes, travaille avec des associations de son quartier pour proposer aux jeunes des ateliers artistiques. L’ancienneté du projet des Subsistances explique un ancrage profond dans le territoire lyonnais, avec un réseau fort de partenaires du champ social, donnant lieu à des actions avec les hôpitaux, le milieu carcéral, et avec des personnes en situation de handicap.

Ce qui fait de ces lieux des acteurs de l’ESS, c’est aussi leur capacité à mobiliser autour de leur projet. Dans la Drôme, La Gare à Coulisses fonctionne sur un système de « troc culturel ». L’espace est mis à disposition des artistes qui, en retour, s’engagent à présenter leur travail aux publics, ce qui permet de créer des rencontres tout en animant le lieu. Ce projet, comme d’autres, mobilise un noyau dur de bénévoles qui s’engagent sur le long terme. Enfin, la communauté peut être sollicitée sur le plan économique, avec des projets spécifiques financés grâce à des campagnes de financement participatif.


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Des modèles écoresponsables

Le développement durable promu par l’ESS sous-entend une sensibilité écologique, que l’on retrouve dans les nouveaux espaces culturels.  L’exemple le plus frappant en France est celui du Darwin Ecosystème à Bordeaux. Ailleurs en Europe, l’UFA Fabrik à Berlin, est décrite comme une « oasis culturelle et écologique ».

Ces lieux préfèrent des énergies renouvelables, sensibilisent pour une conscience écologique collective, et favorisent une production et une consommation locale. En somme, des écosystèmes culturels pionniers d’un entrepreneuriat durable.

Cassandre JOLIVET

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Notes

1 J.K. Hall et al. “Sustainable development and entrepreneurship: Past contributions and future directions”, Journal Business Venturing 25, 2010.

2 Izaidin et Wei Loon, “Sustainable Entrepreneurship: A Revised Model Based on Triple Bottom Line”, International Journal of Academic Research in Business and Social Sciences, Vol. 2, No. 6, 2012.



 

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