Love Letters – Jean Piat et Mylène Demongeot se déclarent leur amour

Love Letters – Jean Piat et Mylène Demongeot se déclarent leur amour
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À la Comédie des Champs-Élysées sont réunies pour la première fois de leur – longue – carrière deux personnalités majeures du théâtre et du cinéma français : Mylène Demongeot (81 ans) et Jean Piat (92 ans). Entre sobriété, tendresse et nostalgie, ils interprètent la fameuse pièce Love Letters d’Albert Ramsdell Gurney, écrite en 1988 et rendue célèbre en France par Anouk Aimée, qui eut l’occasion d’incarner ce rôle à maintes reprises. 

Pour le public français habitué des théâtres, Love Letters, c’est d’abord Anouk Aimée. L’actrice française a en effet endossé le rôle de Melissa à six reprises entre 1990 et 2014, avec des partenaires prestigieux : Bruno Cremer, Jean-Louis Trintignant, Philippe Noiret, Jacques Weber, Alain Delon et Gérard Depardieu. Mylène Demongeot n’a pas hésité une seconde lorsque Stéphanie Fagadau, directrice du Studio des Champs-Elysées, lui a proposé de reprendre le rôle, avec pour partenaire Jean Piat.

On ne peut s’empêcher de penser, au moment de gagner notre place, à cet autre duo d’artistes reconnus, Robert Hirsch (91 ans) et Isabelle Sadoyan (88 ans). Leur prestation magistrale dans Avant de s’envoler de Florian Zeller, qui vient de s’achever au théâtre de l’Œuvre, est encore dans la mémoire. Il faut croire que cette génération, au crépuscule de leur existence terrestre, a encore beaucoup à offrir

Lecture théâtralisée

La pièce américaine d’Albert Ramsdell Gurney raconte une histoire d’amour épistolaire entre Andy et Melissa, de l’âge de 8 ans à la mort de cette dernière, autour de 70 ans. Tout au long de leur existence, ils se sont aimés de loin, sans jamais trouver l’opportunité de se donner totalement l’un à l’autre. Le texte, traduit en français par Alexia Perimony, ne présente pas un intérêt littéraire majeur : il est tissé de ses petits riens qui constituent une vie, ainsi que de la complicité de deux êtres qui se connaissent depuis leur tendre enfance.

Chacun assis à sa table, la même, en une parfaite symétrie, Jean Piat et Mylène Demongeot lisent leurs lettres à voix haute, comme s’ils les écrivaient, comme s’ils voulaient que leur voix passe au-delà du vide de la scène pour rejoindre l’autre, avec le public pour témoin et vecteur. La pièce appartient à ce genre de la lecture théâtralisée, à la manière des poètes qui déclament leur texte sans – trop – les mettre en scène. Les inflexions de leur voix sont légères, à mesure que les années passent.

Écho d’une sobriété nostalgique

Leur sobriété tient de la nostalgie qui parcourt les histoires d’amour, car si la correspondance débute alors que Melissa et Andy sont tout jeunes, le spectateur a face à lui deux personnalités qu’ils n’ont cessé d’admirer au fil des ans. Il y a comme une troublante résonnance entre l’amour déclaré entre eux, et celui des deux comédiens avec le public.

Les rares effets de mise en scène sont inutiles, y compris l’unique déplacement de Melissa avant sa mort, lorsqu’elle gagne un fauteuil rouge dans le fond de la scène pour signifier sa dépression. À choisir la sobriété – choix judicieux en raison même de l’âge des comédiens –, il aurait presque fallu assumer cette simple retenue jusqu’au silence, jusqu’à la nudité des seuls visages éclairés. Les quelques musiques ponctuant les scènes en deviennent presque des nuisances : non seulement elles n’apportent rien, mais elles correspondent encore à tous les poncifs qu’on leur prête traditionnellement. Du vu et revu, sans intérêt.

Les voix sont fatiguées, malgré l’envie des deux comédiens de ne pas s’enfermer « dans le grand silence » qui descend vers la mort, pour reprendre une expression de Jean Piat. Et cette lassitude même emporte le public dans la nostalgie d’une époque qui se couche peu à peu, doucement. Nous aimerions simplement que ces lettres puissent se prolonger, pour porter leur écho encore et encore, avant que les acteurs ne s’envolent.

Pierre GELIN-MONASTIER



DISTRIBUTION


Mise en scène :
 Stéphanie Fagadau

Texte : Albert Ramsdell Gurney

Traduction française : Alexia Perimony

Avec :

  • Mylène Demongeot : Melissa
  • Jean Piat : Andy

Assistante à la mise en scène : Juliette Moltes

Décor : Antoine Malaquias

Lumières : Zizou



DOSSIER TECHNIQUE

Informations techniques

  • Durée : 1h15
  • Public : à partir de 13 ans


OÙ VOIR LE SPECTACLE ?

Tournée :

  • Du jeudi 2 février 2017 au dimanche 30 juillet 2017 : Comédie des Champs-Élysées (jeudi à dimanche)


 

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