16 septembre 1882 : Debussy la met en sourdine

16 septembre 1882 : Debussy la met en sourdine
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Instant classique – 16 septembre 1882… 138 ans jour pour jour : création des Fêtes galantes de Claude Debussy, recueil musical de cinq chansons inspirées de poèmes extraits du célèbre recueil éponyme de Paul Verlaine.

En septembre 1882, Claude Debussy a vingt ans. Il est encore élève (des plus turbulents) du Conservatoire. Mais comme il lui faut gagner sa vie, il s’est fait engager dix-huit mois auparavant comme accompagnateur dans un cours de chant à la mode, celui de Marie Moreau-Santi, où les élèves sont, comme on dit, des femmes du monde. Parmi elles, Marie Vasnier. Elle a trente-deux ans, elle est mariée et mère de deux enfants. Debussy conçoit pour elle un sentiment croissant et passera beaucoup de temps chez les Vasnier, sans pour autant faire mystère ni de son sentiment, ni d’une certaine audace, déjà assez caractéristique de sa personnalité. Un petit scandale commence à poindre, mais Debussy étant compositeur, il compose aussi avec son égérie en texte.

Ainsi, en 1882, il réalise un cycle de mélodies qu’il rassemblera un peu plus tard dans un recueil dédié à Mme Vasnier dans les termes suivants (si j’ai bien déchiffré l’écriture de l’auteur) : « À Mme Vasnier, ces chansons qui n’ont vécues (sic) que par elle et qui perdront leur grâce charmeresse (re-sic) si jamais plus elles ne passent par sa bouche de fée mélodieuse. L’auteur tendrement reconnaissant. » Ce recueil, qui réunira dans sa première version cinq chansons, est intitulé Fêtes galantes, comme le recueil de Paul Verlaine d’où chacun de ces poèmes est tiré.

Parmi ces pièces, la seconde dans le recueil, En sourdine, vingt-et-unième poème de l’œuvre de Verlaine, est datée du 16 septembre 1882. Doux andante, comme son nom l’y pousse, elle dit ceci :

« Calmes dans le demi-jour
Que les branches hautes font,
Pénétrons bien notre amour
De ce silence profond.

Fondons nos âmes, nos cœurs
Et nos sens extasiés,
Parmi les vagues langueurs
Des pins et des arbousiers.

Ferme tes yeux à demi,
Croise tes bras sur ton sein,
Et de ton cœur endormi
Chasse à jamais tout dessein.

Laissons-nous persuader
Au souffle berceur et doux,
Qui vient à tes pieds rider
Les ondes de gazon roux.

Et quand, solennel, le soir
Des chênes noirs tombera,
Voix de notre désespoir,
Le rossignol chantera. »

Quelques années plus tard, Debussy en fera une autre version pour un nouveau recueil, expurgé de deux des chansons. Voici cependant la première version, chantée par Natalie Dessay, dont on ne saura jamais si elle a la même voix de « fée mélodieuse » que l’inspiratrice de cette mélodie…

Cédric MANUEL

 



Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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