22 avril 1873 : bon sang ne saurait mentir

22 avril 1873 : bon sang ne saurait mentir
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Instant classique – 22 avril 1873… 147 ans jour pour jour. Alors, celle-là, si vous ne l’avez jamais entendue, c’est que vous avez les esgourdes très hermétiques car la valse « Sang viennois » est à peu près aussi utilisée que le « Beau Danube bleu », plus encore que la fameuse Valse de l’Empereur, pour illustrer la valse viennoise et son principal pourvoyeur, Johann Strauss fils. La création de cette nouvelle valse correspond à une occasion officielle.

En effet, le 20 avril 1873, la fille aînée de François-Jospeh et d’Elisabeth, l’archiduchesse Gisèle, épouse à seize ans le prince Léopold de Bavière à Vienne. Évidemment, pour ce genre d’événement, une ribambelle de célébrations est déclenchée dans toute la ville, et tout aussi évidemment un grand bal à la Cour. L’opéra impérial ne veut pas être en reste et organise le 22 avril sont propre « Bal de l’Opéra de la Cour », précurseur du fameux bal de l’Opéra de Vienne, dont les recettes sont destinées aux pensions des anciens du théâtre, et c’est d’ailleurs l’Institut en charge de ces pensions qui organise l’événement. Celui-ci a lieu non pas à la Cour, mais dans la mythique salle dorée du Musikverein : c’est peu dire qu’ils y ont gagné au change !

Les artistes de l’opéra impérial veulent donc frapper un grand coup et engagent l’orchestre de Johann Strauss pour exécuter plusieurs partitions destinées à la danse, tout en ménageant un gros suspens sur le clou de la soirée. À présent qu’il n’est pas à l’opéra, l’orchestre se transforme en « Orchestre philharmonique de Vienne », lequel est en effet et aujourd’hui encore composé des musiciens de l’orchestre de l’opéra, mais qui jouent en société indépendante lorsqu’ils sont en format symphonique et ce depuis 1842.

Mais leur chef habituel est souffrant et c’est Otto Dessoff qui dirige la première pièce, l’Invitation à la danse de Carl-Maria von Weber telle qu’orchestrée par Berlioz. C’est juste après que Johann Strauss fils, véritable gloire nationale, monte sur le podium pour diriger la création du soir, sa tout dernière valse, ce « Sang viennois ». Succès immédiat et foudroyant pour cette œuvre qui enchaîne les thèmes viennois typiques et qui doit être bissée sur le champ. C’est la première fois que Strauss dirige le Philharmonique de Vienne (et on doit alors être passé au 23 avril vu la longueur de la soirée), après des années de froid entre lui et l’orchestre, qui refusait de jouer cette musique jugée trop populaire et trop légère… devenue aujourd’hui son répertoire fétiche !

Voici une version tout à fait sucrée comme il se doit de cette valse désormais immortelle.

Cédric MANUEL

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Photographie de Une – Bal de l’Opéra de Vienne en Autriche avec Swatina Wutha et Felix Röper
(crédits : Keystone / APA / Herbert Neubauer)

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Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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