28 mars 1896 : « Vive la mort ensemble »
Instant classique – 28 mars 1896… 122 années jour pour jour. Si Umberto Giordano a pu composer Andrea Chénier, qui restera son seul grand chef-d’œuvre avec, dans une moindre mesure, Fedora, c’est grâce à des amis sincères.
Le livret d’Andrea Chénier, qui raconte l’histoire très romancée du poète français mort sur l’échafaud, avait été écrit par Luigi Illica, l’un des librettistes favoris de Giacomo Puccini, pour le compositeur Alberto Franchetti. Mais ce dernier l’offrit au jeune Giordano, menacé d’être chassé par son éditeur Sonzogno, faute de succès. Le jeune homme n’avait pas 30 ans et pas un sous non plus. Cette opportunité était sa dernière chance. Mais l’éditeur ne s’en laissait plus conter et renâcla à le proposer à la Scala. Ce fut donc Pietro Mascagni, gloire du courant vériste, qui dut intervenir pour imposer la nouvelle œuvre de son jeune confrère.
Coup du sort, si fréquent dans l’histoire de l’art lyrique, le ténor pressenti tira sa révérence à quelques jours de la création. On en trouva un autre, Giuseppe Borgatti, qui ne rata pas la chance de sa vie. Le triomphe fut total et fit le tour du monde.
Pourtant, que n’a-t-on pas dit sur cet opéra devenu, depuis plusieurs décennies, mal aimé ! Tous les poncifs habituels y sont passés : « vulgaire », « facile », « anti-musical », etc.
Moins ambitieux qu’Il Trovatore, Andrea Chenier n’a besoin que des trois meilleurs chanteurs du monde. En voici deux parmi les plus grands – l’Andrea d’aujourd’hui, Jonas Kaufmann, et Eva-Maria Westbroeck, sa Madeleine de Coigny à Londres -, ici dans leur merveilleux duo final, somptueusement accompagnés par Antonio Pappano jusqu’à l’échafaud.
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »
Photographie de Une – Anja Harteros et Jonas Kaufmann dans Andrea Chénier par Philipp Stölzl
(crédits : Wilfried Hösl)
