29 novembre 1895 : Richard Strauss compose « une heure de musique nouvelle chez les fous »

29 novembre 1895 : Richard Strauss compose « une heure de musique nouvelle chez les fous »
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Instant classique – 29 novembre 1895… 123 années jour pour jour. Non, Till Eulenspiegel ne signifie pas Till l’Espiègle, comme nous l’avons traduit, mais Till « miroir du hibou », ce qui est sans doute moins attrayant… D’ailleurs, le titre complet est Plaisantes facéties de Till, le miroir du hibou, d’après l’ancien conte fripon, en forme de rondeau.

Richard Strauss, de son propre aveu, avait envie de mettre une farce en musique, pour qu’on rie un peu dans les salles de concert, et choisi de s’inspirer d’un conte populaire du XIVe siècle. Ce fameux Till aurait existé, en Allemagne du Nord, et aurait été une figure de mouvements de contestation paysanne contre les riches bourgeois citadins du Nord. À partir de là, différentes légendes ont été élaborées sur sa vie : dans les Flandres, il aurait été un héros de la résistance aux Espagnols par exemple. Ailleurs, il est une sorte de provocateur très déluré plus proche de la réalité ou du moins ce qu’on en sait.

Richard Strauss raconte donc son histoire, en commençant par une sorte de « il était une fois » aux violons, puis présente ce petit bonhomme grinçant qui fait bêtise sur bêtise, courtise les femmes, renverse les étals et harangue la foule. Mais c’en est trop, il est arrêté et jugé. Là où le vrai Till serait mort de la grande peste noire, celui de Strauss est condamné à mort et pendu, ce que la partition décrit avec un étonnant réalisme, tout en faisant triompher in fine, après un retour du « il était une fois », la gaieté ironique d’un personnage qui ressemble davantage à un antihéros.

Chef-d’œuvre de Richard Strauss, qui l’a créé lui-même à Munich le 29 novembre 1895, ce poème symphonique est aussi l’un de ses plus célèbres. De ce quart d’heure virtuose, Claude Debussy alias Monsieur Croche a écrit, outre ce qui sert de titre à cette chronique, ceci : « … des clarinettes y décrivent des trajectoires éperdues, des trompettes y sont à jamais bouchées, et les cors prévenant un éternuement latent, se dépêchent de leur répondre poliment “À vos souhaits !”. On a envie de rire aux éclats ou de hurler à la mort, et l’on s’étonne de retrouver les choses à leur place habituelle ».

En voici une version admirable par les Wiener Philharmoniker, dans un son étonnamment excellent (l’enregistrement a plus de soixante ans), par l’un des plus grands chefs de l’histoire, Wilhelm Furtwängler.

Cédric MANUEL



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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