6 mars 1831 : triomphe de Vincenzo Bellini, entre “Hernani” tragique et vaudeville comique

6 mars 1831 : triomphe de Vincenzo Bellini, entre “Hernani” tragique et vaudeville comique
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Instant classique – 6 mars 1831… 188 ans jour pour jour. Une fois de plus, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Après le triomphe de ses Capuletti e i Montecchi à Venise, le 11 mars 1830, Vincenzo Bellini, surmené et malade, se retire près de Crémone et refuse d’entendre parler de quoi que ce soit. Il n’a pas trente ans et se verrait presque à la retraite, pire encore que Rossini.

Mais comme avec il caro signor Fontana dans le futur Falstaff de Verdi, le bruit de l’or le sort de sa déprime. Les riches propriétaires du Teatro Carcano de Milan, qui rêvent de damer le pion à la Scala, lui offrent une fortune pour qu’il écrive un nouvel opéra qui mettrait en scène la légendaire Giuditta Pasta.

Vincenzo Bellini se met donc à travailler à l’adaptation par le librettiste Felice Romani du très récent et déjà célèbre Hernani de Victor Hugo. Mais la peur de la censure l’oriente vers un thème totalement différent. Romani, véritable caméléon passe en effet sans barguigner des affres hugoliens à la légèreté de la pièce de Scribe et Delavigne, La Somnambule, créée à Paris une dizaine d’années plus tôt.

Le fait que ce sujet soit très éloigné, y compris dans sa dramaturgie, de la nouvelle œuvre que Donizetti achevait au même moment (Anna Bolena) n’est évidemment pas fortuite, Bellini supportant mal la concurrence. Ce dernier, saisi d’une véritable fièvre inspiratrice et reprenant les pages déjà écrites pour Hernani, boucle la partition en moins de deux mois. Emmenée par une Giuditta Pasta solaire, la création du 6 mars 1831 est un triomphe mémorable, qui ne tardera pas à faire le tour du monde lyrique et à projeter bientôt sur le devant de la scène une autre étoile du chant, la Malibran.

Cent vingt-quatre ans plus tard et presque jour pour jour, une autre soirée historique, à la Scala cette fois, met en valeur une autre légende dont on peut ne pas apprécier la voix, et dont Amina fut l’un des rôles fétiches : Maria Callas. Dans la fosse, un Leonard Bernstein électrisé dirige l’orchestre à cent à l’heure, et le public milanais n’est pas loin de casser les fauteuils pour l’air conclusif du “happy end” de la Sonnambula.

Cédric MANUEL



Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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