Franck Riester : « Le français est nécessaire à notre pacte républicain et à la cohésion sociale »

Franck Riester : « Le français est nécessaire à notre pacte républicain et à la cohésion sociale »
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Dans une tribune publiée le 12 février dans le quotidien Le Monde, Franck Riester, ministre de la culture, plaide pour une nouvelle ambition pour la langue française, parce qu’il est un « bien commun exceptionnel ». Reproduite dans un premier temps sur le site du ministère de la culture, cette tribune l’est dorénavant dans Profession Spectacle.
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« C’est extraordinaire cette manie qu’il a de vous parler anglais. Est-ce que je ne lui parle pas français, moi ? »
(Georges Feydeau, La Puce à l’oreille). Les Français, il faut s’en réjouir, sont particulièrement sensibles au sort réservé à la langue française dans notre société. Cette question concerne l’espace public, par la publicité, l’affichage, les médias, mais aussi le monde du travail et des affaires. Elle touche à ce que nous sommes, à notre culture. Dans une mondialisation qui est également linguistique, prenons garde à ce que la langue française ne soit pas délaissée par facilité. Beaucoup s’en inquiètent, le déplorent et se mobilisent.

Je partage ce combat. Aujourd’hui, tout démontre que notre langue, « langue de la République » (selon l’article 2 de la Constitution), est essentielle à notre pacte républicain et à la cohésion sociale. Nos compatriotes, à chaque moment de leur vie quotidienne, doivent pouvoir faire valoir leur « droit au français ». C’est tout le sens de la loi dite « Toubon » pour l’emploi de la langue française, dont on fête cette année les 25 ans et qui frappe par son actualité. Le ministère de la Culture en est le garant – je ne l’oublie jamais et j’y veille chaque jour.

Alors que nos concitoyens exigent du sens, du débat, de la clarté et, plus globalement, davantage de lien, il est impératif de pouvoir dire le monde et ses réalités dans notre langue commune, le français. Il ne s’agit en rien de défendre ici un patrimoine figé, une pureté imaginaire de la langue, ou un soubresaut nationaliste. Bien au contraire, il s’agit d’affirmer sous des formes diverses une réalité sans doute trop souvent oubliée : le français est une langue vivante, riche et attractive !

C’est à partir de cette réalité que le président de la République a lancé le 20 mars 2018, sous la Coupole de l’Institut de France, une nouvelle stratégie, ambitieuse et concrète. Mon ministère travaille à faire vivre cette francophonie – et ce plurilinguisme – en Europe, et dans le monde. Mais c’est en France même que les efforts doivent immédiatement porter. A ce titre, cette politique pour le français est au cœur de mes priorités. La Délégation générale à la langue française et aux langues de France en assurera le pilotage.

Le 12 février, j’ai installé la nouvelle Commission d’enrichissement de la langue française, dont les travaux permettront chaque année de faire vivre notre langue et d’exprimer toutes les réalités du monde contemporain, à travers la création de nouveaux termes. Saluons, par exemple, le succès du terme « infox », simple, direct, ingénieux, créatif et déjà populaire. J’aurai à cœur de renforcer les outils pour garantir l’emploi du français au quotidien, dans la vie publique, les médias, l’administration, les collectivités locales ou les entreprises.

Le défi numérique exige également des réponses innovantes, avec l’ensemble des États francophones, pour assurer sur la Toile la place de la création, tout comme celle des savoirs scientifiques en français.

Nous autres, Français, avons trop peu conscience d’appartenir à la communauté des francophones. La langue française est pourtant un bien commun exceptionnel. Les jeunes écrivains, artistes et créateurs, chanteurs, rappeurs, slameurs, en France et dans le monde, le savent, le disent, le montrent. Parce que c’est l’affaire de tous, parce que cette responsabilité est collective : soyons fiers de notre langue !

Franck Riester, ministre de la Culture

Source : Le Monde, édition du 12 février 2019



Photographie de Une – Franck Riester à l’Assemblée, le 23 avril 2013 (crédits : Ericwaltr)



 

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