Frédéric Rémy : “Scènes de rue est un catalyseur de démocratisation culturelle”

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Du jeudi 15 au dimanche 18 juillet 2021, Mulhouse est en fête : la 25e édition du festival Scènes de rue propose quatre jours de programmation qui mêlent le théâtre de rue, la danse, le cirque, des performances, récits ou encore des installations…

Rencontre avec son directeur artistique, Frédéric Rémy.

Comment le festival s’intègre-t-il dans le tissu local ?

Le festival Scènes de rue fête ses 25 ans cette année à Mulhouse. Depuis cette date, le festival s’est largement développé et il est devenu à la fois une manifestation artistique fédératrice mais aussi un événement qui rassemble un public diversifié pendant quatre jours. Les arts de la rue ont cette capacité de réunir dans l’espace public une pluralité de spectateurs et Scènes de rue est en quelque sorte un catalyseur de démocratisation culturelle. Cela passe à la fois par une diversité de propositions artistiques mais aussi une présence géographique au centre-ville de Mulhouse ainsi que dans sa proche périphérie. On dit que Scènes de rue est un festival résolument populaire. Cela passe par la rencontre entre des artistes, des œuvres et des spectateurs. Et la qualité de cette rencontre, de toute ces rencontres, en fait un événement totalement imprégné dans la ville.

La pandémie a-t-elle eu un impact sur la programmation et l’organisation de l’événement ?

Bien évidemment, cette année, nous n’allons être que très rarement dans l’espace public, c’est-à-dire que nous investissons des espaces clos dans lesquels nous pouvons maîtriser la jauge, tout en mettant en place un protocole sanitaire adapté, c’est totalement contre-nature. Ce qui veut dire que les spectacles déambulatoires, et nous le regrettons vivement, ou bien les espaces et les propositions normalement dévolues à la convivialité ne seront toujours pas présents. Cela crée une fracture entre différents formats esthétiques qui est totalement injuste. De même, nous devons retourner le plus vite possible dans cet espace public, qui est par définition un espace libre, l’espace des croisements, des rencontres et du commun. Par contre, nous invitions Pierre de Mecquenem qui va proposer avec Feu !!!, une performance pyrotechnique singulière et sur mesure qui ne créera pas de rassemblement tout en s’adressant à un public, captif ou non, très nombreux.

Entrons maintenant dans cette programmation : quelles en sont les grandes lignes ?

Scènes de rue a toujours proposé une programmation variée et ce, pour être représentatif de la diversité des propositions artistiques qui se créent dans l’espace public. Il y aura à la fois du cirque avec les compagnies Mesdemoiselles, Aléas, Equinotes, Tripotes ou No Panication, du théâtre de rue avec les Batteurs de pavés, Komplex Kapharnaüm, Bruital Cie, DBK ou le Pudding, de la danse avec la compagnie Pernette ou Muchmuche, du jonglage avec le grand périple de Protocole ou les fantaisies de Los Putos Makina, du théâtre avec le Munstrum théâtre, des propositions plus légères avec Dis bonjour à la dame, à partager en famille ou bien d’autres plus engagés avec le collectif Random, la compagnie d’Elles, Azimuts ou la Débordante… Chacun peut trouver son propre chemin à travers la programmation entre plaisir, audace et reflet de notre monde. Nous invitons à la fois des compagnies majeures des arts de la rue mais aussi des compagnies qui le deviendront ou plus émergentes. Cette année, après cette année 2020 quasiment à l’arrêt, nous accueillons plus d’une dizaine de créations.

En marge des spectacles présentés, vous organisez des accueils en résidence, des laboratoires artistiques ou encore des projets en cours d’élaboration : comment s’organisent-ils ?

Ce n’était pas simple à organiser cette année à cause des contraintes liées à l’accès à l’espace public. À Mulhouse, nous n’avons pas de lieu dédié aux accueils en résidence mais nous mettons à disposition cet espace public qui s’est trouvé très contrôlé. Et nous continuons à garder notre ligne directrice et à soutenir ces équipes qui ont besoin de temps de travail, par exemple en amont du festival, et de visibilité.

Après une année pour le moins chaotique, qu’espérez-vous susciter ?

Je crois qu’il est fondamental d’aborder la reprise de nos activités par le biais du public. À qui s’adresse-t-on ? On ne peut pas simplement repartir comme avant après cet arrêt brutal de la vie culturelle. Il faut que l’art, ce quelque chose en plus, ce supplément d’âme intime ou collectif, que cette rencontre artistique puisse à nouveau créer du lien, du commun, qu’elle puisse être porteuse de sens, d’imaginaire, et qu’elle nous sorte de cette torpeur sanitaire actuelle. Nous devons, à travers nos manifestations, tendre la main à tout le monde et c’est pourquoi les arts de la rue ont un rôle fondamental à l’heure actuelle pour que l’on retrouve à la fois le goût des émotions et le goût des autres.

Propos recueillis par Laurie AMONT

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En savoir plus : festival Scènes de rue

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CIE LA MACHINE - Pierre de Mecquenem - Feu !!! © Pierre Soissons

CIE LA MACHINE – Pierre de Mecquenem – Feu !!! © Pierre Soissons

 



 

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