Gros salaires, faibles inscriptions, absence de financements : comment le Pass culture fait pschitt 

Gros salaires, faibles inscriptions, absence de financements : comment le Pass culture fait pschitt 
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Ce devait être le projet phare de la politique culturelle d’Emmanuel Macron… Il rassemble désormais tous les ingrédients d’un fiasco. À tel point que la situation inquiète les députés. Une bonne idée sur le papier, mais qui bat déjà de l’aile. Profession Spectacle rend son diagnostic en quatre points.

Le 20 novembre prochain, deux de ses dirigeants seront auditionnés par la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée. Souvenez-vous, le Pass culture est une application mobile imaginée par le ministère de la Culture, qui recense des propositions culturelles géo-localisées permettant aux jeunes, à l’âge de dix-huit ans, de participer à des activités (concert, cinéma, théâtre, cours de musique…). Le tout crédité de 500 euros.

Une bonne idée sur le papier, mais qui bat déjà de l’aile. Profession Spectacle enfile sa blouse et son stéthoscope pour rendre son diagnostic en quatre points.

1. Des jeunes aux abonnés absents

L’idée de base de ce dispositif, inscrit au cœur de la politique culturelle d’Emmanuel Macron, était d’offrir une enveloppe de 500 euros à chaque jeune de dix-huit ans, dédiés à ses dépenses culturelles. Mais neuf mois après le début de son expérimentation dans quatorze départements français, les premiers chiffres font état de seulement 25 000 jeunes inscrits, sur les 800 000 prévus, révèle Mediapart (article payant).

Selon le ministre de la Culture, quelques jours après la publication de cette enquête, ils seraient en réalité 10 000 de plus. Et ceux qui ont testé l’application n’ont dépensé que 100 euros en moyenne sur les 500 offerts. En tout, 441 600 euros avaient ainsi été utilisés en juin, loin des 29 millions prévus au budget 2019.

Dans le détail, les livres arrivent en tête des dépenses et il s’agit en priorité des titres étudiés dans le cadre scolaire. Vient ensuite la musique avec notamment des abonnements à la plate-forme de streaming Deezer en enfin le spectacle vivant, bon dernier.

On est donc bien loin de l’objectif initial « de renforcer et diversifier les pratiques culturelles des jeunes Français ».

2. L’absence de financements privés

C’était une des promesses du projet : le financement des 400 millions d’euros nécessaires pour déployer le dispositif ne devait être pris en charge par l’État qu’à hauteur de 100 millions, le reste devant être assumé par les « offreurs », en contrepartie de la fidélisation d’une clientèle.

Une autre part du financement devait être assurée par des partenaires, « avec une attention particulière portée aux entreprises susceptibles d’être intéressées d’être mises en contact avec des jeunes entrant dans la vie active (banques, assurances, fournisseurs d’accès à internet, fournisseurs d’énergie), et, éventuellement, des mécènes ». Mais pour le moment, aucun organisme privé ne s’est porté volontaire…

Un échec donc pour le moment.

3. Des salaires mirobolants

Cette recherche de partenaires privés, c’était justement la mission de Garandeau Consulting, un cabinet missionné par le ministère. Pour cette mission de consulting, la société aurait touché – entre septembre 2018 et mai 2019 – 651 600 euros.

Et ce qui fait encore plus grincer des dents, ce sont les 6 000 euros mensuels versés à son président, Éric Garandeau, pour un tiers-temps, toujours selon Médiapart. Damien Cuier, président de la SAS (société par actions simplifiée), toucherait ainsi 170 000 euros par an. « Les rémunérations des dirigeants sont injustifiables », assène ainsi un des membres du comité stratégique du pass Culture.

4. Un « cheval de Troie » pour des intérêts politiques

« À quelques mois des élections municipales, le pass est devenu un outil de séduction des maires de droite pour leur faire rejoindre LREM« , croit savoir Mediapart

Ainsi, le Pass vient d’être lancé dans les Ardennes, où le maire de Charleville-Mézières, Boris Ravignon (LR), devrait se présenter sous étiquette d’En marche. Et à Nevers (Nièvre), l’installation du pass est venue récompenser le maire sortant Denis Thuriot, investi en juin par LREM.

Jacques GUILLOUX

En savoir plus sur le Pass culture :
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