« La Permission  » : les femmes et leurs (pieds) droits en Iran

« La Permission  » : les femmes et leurs (pieds) droits en Iran
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Afrooz (Baran Kosari) est la charismatique capitaine de l’équipe iranienne de football féminin en salle qui s’est qualifiée pour la finale de la coupe d’Asie en Malaisie. Mais Afrooz est dans l’incapacité de quitter le pays. La raison : son mari (Amir Jadidi) lui a refusé la « permission » de voyager à l’étranger.

Nous viennent régulièrement d’Iran des films qui, avec une saine audace, critiquent les ressorts du régime des mollahs et d’une société patriarcale. Certains sont tournés sous le manteau, comme ceux de Jafar Panahi ; d’autres sont l’œuvre de réalisateurs exilés tel Téhéran Tabou ; d’autres enfin, comme ceux d’Ashgar Farhadi, jouant au chat et à la souris avec la censure, ont été réalisés en Iran. C’est le cas du film de Soheil Beiraghi.

Son sujet ne peut que scandaliser le spectateur occidental. En Iran, les femmes sont placées dans une situation de minorité. Obligées de se voiler dans l’espace public, interdites d’accès aux manifestations sportives (Jafar Panahi en avait fait le sujet de son film Hors-jeu), les Iraniennes, si elles ont le droit de conduire et de voter, ne peuvent voyager à l’étranger sans l’autorisation de leur « tuteur », père, frère ou époux. Ce fut le cas en 2017 de huit athlètes iraniennes, dont l’histoire vraie a inspiré ce film.

Malgré sa popularité, Afrooz se retrouve ainsi l’otage du bon vouloir de son mari qui, pour faire pression dans la négociation d’un divorce chaotique, l’empêche de participer au match qui couronnerait sa carrière sportive et lui permettrait peut-être d’être recrutée par un club espagnol.

La Permission compte quelques non-dits subtils. Ainsi de la scène où Afrooz se lave rageusement les dents après avoir amadoué son mari. Ou de la relation avec une autre joueuse dont on peut se demander si elle est allée au delà de la camaraderie. Mais ce premier film manque parfois de la finesse et de l’ambiguïté qui fit le prix de Une séparation de Fahradi. Le mari est un présentateur de télé ringard, bellâtre et prétentieux. Aurait-il eu un peu plus de qualités, Afrooz en aurait-elle eu moins, le film aurait gagné en crédibilité et en intelligence.

Tony PARODI

 



Soheil Beiraghi, La Permission, Iran, 2018, 88mn

  • Sortie : 28 novembre 2018
  • Genre : drame
  • Titre original : Aragh-e sard
  • Classification : tous publics
  • Avec Baran Kosari, Amir Jadidi, Sahar Dowlatshahi, Leili Rashidi, Hoda Zeinolabedin, Abbas Moosavi, Maryam Sarmadi, Sogand Soleimani.
  • Image : Farshad Mohammadi
  • Musique : Karen Homayunfar
  • Production : Soheil Beiraghi et Mehdi Davari (Iran)
  • Distribution : Sophie Dulac distribution

En savoir plus sur le film avec CCSF : La Permission



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