Le festival 1001 Notes défie la morosité et se maintient envers et contre tout

Le festival 1001 Notes défie la morosité et se maintient envers et contre tout
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Le festival 1001 Notes en Limousin fêtera bien ses quinze ans, du 1er au 9 août, avec une édition au format innovant et totalement solidaire. Une fête concentrée pour se retrouver et écouter de la musique.

À la suite des annonces faites par Emmanuel Macron au cours des mois d’avril et de mai, les festivals artistiques annulés ou reportés sont légion, même après mi-juillet. En effet, rares sont ceux qui ont pu maintenir la programmation prévue de longue date ou tout simplement assurer la mise en place des mesures sanitaires, dont la fin de l’application reste incertaine. Le festival 1001 Notes, initialement prévu du 25 juillet au 8 août, aura lieu du 1er au 9 août, dans une édition totalement modifiée.

Albin de la Tour et son équipe ont choisi l’adaptation et la persévérance face à la situation inédite que connaît le pays. La pandémie n’aura rien mis à terre au cœur du Limousin ; le festival de musique classique compte toujours se tenir, autour de grands noms de la musique et d’artistes émergents. Événement de création et de découverte en musique classique, le festival 1001 Notes a résolument gardé son ambition d’ancrer cette musique dans notre époque, puisque l’adaptation à la situation actuelle est totale et ambitieuse.

Le directeur du festival 1001 Notes, Albin de la Tour, a choisi dès fin mars de garder le cap pour offrir une édition au format innovant.

Entretien.

L’édition de cette année sera resserrée sur une semaine. Comment avez-vous fait pour maintenir l’événement ?

Pendant le confinement, nous avons organisé douze concerts « chacun chez soi ». Voyant qu’il était possible de les réaliser dans la pire des situations, nous avons envisagé dès fin mars un nouveau format pour l’édition de cette année, avec l’optique de voir la situation s’améliorer. Nous avons changé la programmation, notamment à cause de l’empêchement des artistes étrangers, comme Emir Kusturica, en repartant quasiment à zéro. Par exemple, au lieu de faire le concert prévu au Zénith de Limoges, avec deux ou trois mille personnes, nous allons faire un festival totalement déconfiné. Tous les concerts seront donc en plein air, avec des petites jauges d’environ deux cents personnes. Il y aura des concerts tous les jours, du matin au soir, du 1er au 9 août. Avec les distanciations sociales, nous devons diviser nos jauges par quatre, ce qui nous oblige à diviser nos revenus par quatre. Les musiciens feront donc plusieurs concerts au lieu d’en faire un seul. La préparation de la nouvelle programmation est en très bonne voie, car nous avons pour l’instant quarante-cinq concerts confirmés sur les cinquante prévus. Ensuite, nous ferons également des captations dans des lieux du Limousin, retransmis notamment sur France 3 Nouvelle-Aquitaine et YouTube.

Chaque année, vous bénéficiez de la présence d’invités de marque. Qui aurez-vous dans votre programmation cet été ? Et quels sont les changements ?

Le célèbre pianiste Alexandre Tharaud, le guitariste classique Thibault Cauvin ou encore la trompettiste de classique et jazz Lucienne Renaudin Vary seront présents. Nous avons environ une perte de 90 % d’artistes par rapport à la programmation initiale. Ce pourcentage devrait être reporté à l’an prochain, mais sans certitude. Cela sera en fonction de la manière dont la situation évolue et comment se passe le festival cet été. Nous sommes en train de préparer un format totalement nouveau. Un festival est une fête concentrée, pour laquelle il faut aussi un village et des activités autour. C’est très rare en musique classique d’avoir un festival comme celui-ci, car les concerts sont généralement donnés tous les deux ou trois jours. Dans le cas présent, nous aurons entre trois et six concerts par jour pendant une semaine, ce qui est peu courant. Cela faisait longtemps que nous voulions faire ce nouveau format de festival concentré en plusieurs jours ; la situation nous en a finalement offert l’opportunité, même si nous sommes totalement dans l’inconnu en matière de réussite, notamment financière. Il nous manque aujourd’hui 50 % des réponses des financeurs, privés et publics. Les mécénats et subventions prévus n’ont toujours pas été concrétisés, ce qui nous maintient dans le flou. Les élections prochaines sont également en cause.

Pensez-vous que le public sera au rendez-vous ?

Avec toute l’équipe, nous avons tenu à ce que le festival ait lieu pour combattre la morosité, car nous aurons été privés pendant près de cinq mois de choses essentielles de la vie. C’est important de se retrouver et d’écouter de la musique. Nous avons pris le parti de nous adapter au maximum et de trouver des solutions. Ce sera une édition totalement solidaire grâce aux artistes qui ont accepté de s’adapter aux conditions. Sans cela, nous n’aurions rien pu faire. Car il y aura parfois des formations de sept musiciens, qui ne peuvent évidemment pas être rentables avec un public limité à deux cents personnes. Les artistes sont donc partie prenante de cette démarche solidaire : les plus connus nous permettent d’assurer une billetterie, tout en programmant des artistes moins connus. J’ai discuté avec le directeur d’un musée du Limousin qui a rouvert récemment. La fréquentation est plutôt bonne, le grand public est au rendez-vous, tous âges confondus. Il y a donc une forte appétence du public à sortir à nouveau. Ce qui est de bon augure pour notre festival.

Propos recueillis par Louise ALMÉRAS

 

Crédits photographiques : Laurent Bugnet

 



 

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