« Le Poison » : un film addictif signé Billy Wilder

« Le Poison » : un film addictif signé Billy Wilder
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Écrivain raté, paralysé par l’angoisse de la feuille blanche, Don Burnam est alcoolique depuis six ans. Son frère et sa fiancée, d’un dévouement exemplaire, veulent l’emmener en week-end à la campagne. Mais Don parvient à échapper à leur vigilance. Il a tôt fait de dépenser les gages que son frère avait prévus pour la femme de ménage.

★★★☆

Pour se procurer à boire, il supplie un barman, emprunte de l’argent à une amie, vole le sac à main d’une cliente d’un restaurant. Il finit même par mettre en gage sa machine à écrire. Abruti d’alcool, il chute dans l’escalier et se retrouve dans un hôpital psychiatrique en proie à une crise de delirium tremens.

Un film acclamé de Los Angeles à Cannes

The Lost Weekend fut, à sa sortie en 1946, un triomphe : quatre Oscars (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur acteur masculin), la Palme d’Or et le prix d’interprétation masculine à Cannes. Aucun film depuis lors, sinon Marty en 1955, ne réussit plus le doublé Palme d’Or – Oscar.

Rien n’annonçait un tel triomphe. Billy Wilder – qui venait certes de tourner Assurance sur la mort – n’était pas encore l’immense réalisateur de Boulevard du Crépuscule, Certains l’aiment chaud et La Garçonnière. Ray Milland n’avait pas la célébrité d’un Gary Cooper ou d’un James Stewart. Surtout, le thème de l’alcoolisme flirtait avec la censure. Pour satisfaire au code Hays, Billy Wilder dut modifier la fin du roman et lui substituer un happy end convenu – qui n’est pas ce que le film a de meilleur.

Un chef-d’œuvre sur l’addiction à l’alcool

Le Poison n’en reste pas moins un chef d’œuvre. Unité de temps (tout se déroule l’espace d’un week-end), de lieu (New York écrasé par la chaleur de l’été), d’action (la quête d’alcool sans cesse recommencée).

Il est étonnant que le thème de l’addiction à l’alcool et de la désintoxication, si prégnant en littérature (on pense à Bukowski ou Burroughs), soit resté largement inexploré au cinéma. On pense à L’Homme au bras d’or (1955) d’Otto Preminger et, plus près de nous, à Shame (2011) de Steve McQueen – qui ne traitait pas de l’addiction à l’alcool, mais au sexe. On pense, de ce côté-ci de l’Atlantique, au Dernier pour la route (2009) avec François Cluzet et Mélanie Thierry, l’adaptation du roman autobiographique de Hervé Chabalier, qui avait plongé dans l’alcool et avait, non sans mal, réussi à en revenir.

Tony PARODI

 



Billy WILDER, Le Poison, États-Unis, 1945, 101mn

  • Sortie : 14 février 1947 (ressortie le 10 janvier 2018)
  • Genre : drame
  • Titre original : The Lost Weekend
  • Avec Ray Milland, Jane Wyman, Phillip Terry, Howard Da Silva, Doris Dowling, Frank Faylen, Mary Young, Anita Sharp-Bolster, Lillian Fontaine, Lewis L Russell.
  • Scénario : Billy Wilder, Charles Brackett, d’après le roman de  Charles R. Jackson
  • Distribution : Swashbuckler Films

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