Les Plateaux : un rendez-vous incontournable pour les programmateurs du spectacle vivant

Les Plateaux : un rendez-vous incontournable pour les programmateurs du spectacle vivant
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Depuis 1993, une vingtaine de théâtres en Île-de-France s’unissent pour accompagner des projets artistiques et coproduire des spectacles. Les Plateaux, qui auront lieu les 8 et 9 octobre à Cachan, sont un carrefour de propositions, de rencontres et d’échanges, qui réunissent chaque année entre 100 et 150 programmateurs. Un rendez-vous devenu, au fil du temps, incontournable.

Si la mutualisation a pris de l’ampleur au sein du monde théâtral depuis quelques d’années, plusieurs initiatives ont annoncé ce phénomène dès la fin du siècle dernier. Ainsi le Groupe des 20 théâtres en Île-de-France, réseau de directeurs et directrices de théâtre soucieux de mieux soutenir la création et de diffuser des spectacles souvent fragiles au sein d’un réseau fort et structuré, s’est-il constitué dès 1993.

« C’était vraiment la volonté dès le départ d’avoir un lieu de rencontres, d’échanges et de possibilités pour des théâtres de banlieue qui avaient fait le choix de soutenir la création », explique Christian Lalos, directeur du théâtre de Châtillon et coprésident du Groupe des 20. La réalité est celle d’une banlieue souvent mise au second plan, alors qu’elle est un vivier créatif important ; beaucoup de théâtres de villes naissent ainsi autour de Paris dans les années 1980 et 1990.

« Il y avait effectivement cette notion de partager le soutien à la création malgré toutes les différences qui pouvaient y avoir entre les uns et les autres, explique Nathalie Huerta, directrice du théâtre Jean-Vilar à Vitry-sur-Seine et coprésidente du Groupe des 20. À l’époque, les questions économiques se posaient moins. Aujourd’hui, l’accompagnement et le financement sont des débats importants. » En plus de vingt-cinq ans, nombre de projets ont été aidés, soutenus, accompagnés, coproduits ou achetés.

Les Plateaux : une sélection diversifiée à l’intention des programmateurs

Manifestation phare de ce groupe : les Plateaux, qui auront lieu les 8 et 9 octobre prochains au théâtre Jacques-Carat de Cachan. Chaque année, entre cent et cent cinquante programmateurs se déplacent, de toute la France. Au cours de ces deux journées professionnelles, une vingtaine de projets seront présentés, dont douze émanant d’une sélection opérée par le Groupe des 20.

La sélection se fait en deux temps : chaque membre du groupe présente un à deux projets de création qu’il soutient et compte accueillir dans son lieu. Après cette présentation, un comité de programmation se réunit et sélectionne douze projets pour les Plateaux, en tenant compte de la pluridisciplinarité des spectacles proposés, de leur diversité et du fait qu’ils soient en très grande majorité des créations.

« À l’origine, la sélection des Plateaux était centrée presque uniquement sur le théâtre, raconte Christian Lalos, mais ça s’est ouvert peu à peu, à l’image de l’évolution de nos lieux, qui sont aujourd’hui pluridisciplinaires. » Dans cette sélection figurent ainsi des disciplines artistiques aussi diverses que le théâtre, la danse, la marionnette, le cirque, la musique, voire tout ça en même temps. La proposition transdisciplinaire d’Alexandre Zeff, Tropique de la violence, côtoiera Ton père de Thomas Quillardet, Lumen de la compagnie Jasmine Morand ou encore Le Puits de Julien Scholl.

Des hommes et des lieux

Comment ne pas tomber dans une pensée unique ? « Le collectif, c’est complexe, reconnaît Nathalie Huerta. C’est un vrai engagement de faire les choses ensemble, précisément à partir de nos différences. L’idée n’est pas d’être dans une pensée unique, mais de valoriser les singularités de chaque projet. Quand on accueille un membre, ce qui nous intéresse d’abord et avant tout est qu’il défende un projet artistique propre, plutôt qu’une couleur esthétique. Plus il y a de diversité entre nous, plus c’est passionnant, parce que nous allons à des endroits nouveaux, voire inattendus. »

Ainsi, ce ne sont pas d’abord des lieux qui intègrent le Groupe des 20, mais des projets portés par des directeurs et directrices en charge de lieux. Joséphine Ceccho quittant en octobre la direction de l’espace Lino-Ventura à Garges-lès-Gonesses pour le théâtre de Creil, en dehors de la région parisienne, le théâtre de Garges sort ainsi automatiquement du groupe. « C’est précisément notre force, insiste Christian Lalos. Il y a constamment de nouveaux arrivants, surtout depuis quelques années, ce qui redonne un souffle à l’activité du groupe et à la programmation. »

Il y a également un trio de spectacles, choisis par trois organisations partenaires : le Groupe des 20 Auvergne-Rhône-Alpes, Quint’est dans la région Grand-Est et le réseau suisse FRAS-Corodis. « Nous n’intervenons pas du tout dans leurs choix, précise Christian Lalos. C’est donc aussi l’opportunité d’avoir une ouverture esthétique différente. Nous essayons par ailleurs d’imaginer de nouvelles passerelles qui fédèreraient nos quatre réseaux. » Trois propositions artistiques seront ainsi présentées : Imposture posthume mis en scène par Joël Maillard, Buffles, une fable urbaine, pièce écrite par Pau Miró et mise en scène par Émilie Flacher, et La Rivière de Denis Lachaud, mis en scène par Jean-Philippe Naas.

Quatre finalistes pour une grande tournée

Outre ces seize spectacles, quatre propositions artistiques seront également présentées dans le cadre d’un vaste appel à candidatures. Chaque saison, les membres du groupe coproduisent un spectacle, qui sera accueilli dans tous les théâtres, sans exception. « On débat très régulièrement sur les modes de vote, sur la manière dont on choisit un projet qu’on serait en capacité de tous porter, confirme Nathalie Huerta. Certains avaient à une époque un droit de veto. Aujourd’hui, pour que notre action soit forte, le lauréat de l’appel à projets doit être accueilli par tous les lieux. Sinon, il n’y a plus de soutien collectif. »

La thématique varie chaque année : une création plurielle avec au cœur le langage du corps en 2017, une proposition remettant en question le rapport traditionnel scène-salle en 2018… Cette année, après l’appel publié au début de l’année 2019, les quelque cent cinquante candidats ont présenté des projets de théâtre musical, dans lesquels la musique n’est pas un habillage, aussi beau et important soit-il, mais le cœur même de la dramaturgie.

Ont été sélectionnés au printemps Trois sœurs par Gurshad Shaheman (Cie Les Bancs Publics, I Wish I Was par Maëlle Dequiedt (Cie La Phenomena – Premisses), Juillet 1961 par Françoise Dô et Roberto Negro (Cie Bleurs et Ardoise), et Moby Dick par Yngvild Aspeli (Plexus Polaire). L’un de ces quatre finalistes bénéficiera d’un apport en coproduction de 20 000 euros, de temps de résidence et d’une tournée d’au moins dix-neuf dates dans les lieux du réseau. Par ailleurs, le lauréat sera présenté lors des plateaux organisés par le Groupe des 20 Auvergne-Rhône-Alpes, Quint’est (Grand-Est) et FRAS-Corodis (Suisse). Autant de mesures déjà assurées, avant même tout coup de cœur éventuel de programmateurs lors de la présentation aux Plateaux, mardi 8 octobre dans l’après-midi.

« Le projet retenu sera le reflet et la voix de la totalité du groupe, puisque nous sommes tous coproducteurs du spectacle, chacun ayant un vote équivalent », conclut Christian Lalos.

Pierre GELIN-MONASTIER

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Photographie de Une – Les Plateaux (DR)



 

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