« Pig » : l’étonnante richesse du cinéma iranien

« Pig » : l’étonnante richesse du cinéma iranien
Publicité

À Téhéran, de nos jours, un mystérieux tueur en série assassine les cinéastes les plus réputés, tranche leurs têtes et trace sur leur front au cutter les lettres du mot « cochon » (« khook »).

Hassan Kasmai (Hasan Ma’juni), la cinquantaine, est interdit de tournage par le régime. Il survit en tournant des spots publicitaires insipides. Il étouffe entre sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, sa femme et sa fille qui lui sert d’attachée de presse. Il vit très mal de n’avoir pas été pris pour cible par le tueur en série et y voit le signe du déclin de sa célébrité au moment où son actrice fétiche (Leila Hatami) menace de le quitter pour un réalisateur plus populaire.

Le cinéma iranien est d’une étonnante richesse, au point de faire jeu égal, en qualité sinon en quantité avec celui des autres géants asiatiques : Chine, Inde, Japon… Pas un mois ou presque sans que nous arrive de Téhéran une curiosité. Rien qu’en 2018, on a vu notamment La Permission de Soheil Beiraghi, Invasion de Shahram Mokri, Trois visages de Jafar Panahi, Un homme intègre de Mohammad Rasoulof…

Pig de Mani Haghighi a toute sa place dans cette brillante galerie. Son sujet est audacieux et on se demande comment il a franchi la censure iranienne. Jugez-en par vous-même : un réalisateur bâillonné par le régime (cf. Jafar Panahi), un meurtrier qui assassine impunément, un policier ridicule et impuissant, des soirées chic qui rassemble la haute société téhéranaise…

Le héros narcissique, aux faux airs de Gustave Kervern iranien, est irrésistible. On l’imaginerait volontiers dans un film de Pedro Almodovar intitulé « Réalisateur au bord de la crise de nerfs ». Pig est une parodie de film de genre, un faux thriller, une farce entrecoupée de quelques scènes purement oniriques. Les thèmes qu’il traite sont ambitieux, trop peut-être : la célébrité, la tyrannie des réseaux sociaux, la maturité…

Mais passée la première demi-heure et l’étonnement que le sujet suscite, on se lasse vite des rebondissements d’une intrigue cruellement dépourvue de crédibilité. On peine malheureusement à s’attacher aux personnages pas plus qu’on n’adhère à un scénario qui se termine en queue de poisson.

Tony PARODI



Mani Haghighi, Pig, Iran, 2018, 108mn

  • Sortie : 5 décembre 2018
  • Genre : comédie dramatique
  • Titre original : Khook
  • Classification : tous publics avec avertissement
  • Avec : Hasan Ma’juni, Leila Hatami, Leyli Rashidi, Parinaz Izadyar, Ali Mofassa, Mina Jafarzadeh
  • Scénario : Mani Haghighi
  • Image : Mahmoud Kalari
  • Son : Dariush Sadeghpour
  • Costumes : Negar Nemati
  • Montage : Meysam Molaei
  • Musique : Peyman Yazdanian
  • Production : Dark Precursor Productions
  • Distribution : Epicentre Films

En savoir plus sur le film avec CCSF : Pig

.



Découvrir toutes nos critiques de films



Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *