Rebecca Vaissermann : “Nous aspirons à pouvoir partager nos désirs, nos rêves, nos révoltes et nos questionnements”

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La 4e édition du festival théâtral de l’Olmu aura bien lieu à Olmeto, en Corse, du 6 au 12 août 2021. Au menu de cet événement porté par une jeune équipe et tourné vers la jeune création : Peter Handke, Fernando Pessoa, Guillaume Lambert ou encore Rebecca Vaissermann.

Surplombant la piève de Viggiano et la mer Méditerranée, à flanc de colline comme seuls le sont les villages méditerranéens, Olmeto se dresse à la fois fièrement et paisiblement, plein de majesté et de douceur Olmeto, où mourut Colomba Carabelli, qui inspira à Mérimée son Électre corse, sa Colomba. Rien ne transpire des vendettas d’antan. Le théâtre a pris le relais, voilà trois ans, avec la création du festival de l’Olmu par un groupe de jeunes comédiens, auteurs et metteurs en scène. Désormais, à l’ombre de l’ormaie, les grandes émotions sont artistiques.

Entretien avec Rebecca Vaissermann, comédienne, autrice et cofondatrice du festival de l’Olmu.

Quelle est l’intuition fondatrice du festival de l’Olmu et comment s’intègre-t-il dans le tissu local ?

Le festival de l’Olmu est né d’une suggestion du maire, José-Pierre Mozziconacci, formulée auprès de Paul Fortini, natif d’Olmeto, de venir jouer un spectacle au village. Nous avons alors proposé de créer ce festival de théâtre en plein air, organisé par Lonis Bouakkaz, Hadrien Marielle-Trehoüart, Paul Fortini et moi depuis 2018, désireux de pouvoir partager nos créations.

Axé sur la jeune création, le festival est bâti sur un lien particulièrement fort avec le public, ce dernier ayant manifesté un intérêt particulièrement soutenu, et sur la volonté de faire dialoguer art et patrimoine : le cadre offert par le village et le golfe du Valinco, entre mer et montagnes, donnent une résonance particulière aux spectacles joués chaque année dans des lieux emblématiques du village tels que le parvis de l’église ou la cour de l’école primaire, permettant d’y créer une mémoire collective, et de les appréhender autrement. Des ateliers permettent également d’ancrer un peu plus ce lien avec les spectateurs et de créer de véritables temps d’échange, de partage et de transmission.

En amont du festival, les répétitions sont également ouvertes au public, si bien que les habitants d’Olmeto et les personnes de passage se croisent, découvrant le processus de création dans son ensemble. Depuis sa création, le festival de l’Olmu est devenu l’un des plus grands événements majoritairement théâtraux de la micro région ; il peut se dérouler grâce à de nombreux soutiens locaux : outre le soutien institutionnel, nous sommes également épaulés par de nombreux bénévoles et associations locales qui s’investissent pleinement à nos côtés dans la réalisation de cet événement.

Quelles sont les grandes lignes de la programmation de cette quatrième édition ?

Depuis sa création, le festival de l’Olmu propose gratuitement aux spectateurs un ensemble de spectacles et ateliers portés par des artistes émergents, visant à leur offrir un spectre relativement large de la création contemporaine. Y sont ainsi joués des textes du répertoire classique et contemporain, des écritures de plateau ou d’auteurs et autrices vivants, ainsi que des formes tirées d’autres genres littéraires, tels que le roman ou la poésie, ou plus proches de la performance. Cette année, on pourra y voir Par les villages de Peter Handke, Rebelle(s) sans cause – une adaptation de Fantasio d’Alfred de Musset et de Dead man de Jim Jarmusch –, Ode maritime de Fernando Pessoa, ainsi que Mes parents-morts vivants, une pièce du jeune auteur Guillaume Lambert. J’aurai quant à moi la joie de présenter l’une de mes pièces : Salle de traite. Ces propositions variées permettront à chacun et chacune d’aiguiser son esprit critique et de construire son propre parcours au sein du festival.

En marge des spectacles, vous organisez des ateliers : comment s’organisent-ils ?

À l’instar des spectacles, les ateliers sont proposés gratuitement aux participants dans les jours qui précèdent le festival et font tous l’objet d’une restitution publique. Ces ateliers sont pensés en lien direct avec la programmation et en approfondissent certains axes, tout en développant des pistes de réflexion et de pratique à partir des thématiques abordées au cours des représentations. Un atelier de théâtre pour enfants, aboutissant à la création d’une petite forme théâtrale jouée en ouverture du festival, est ainsi proposé aux plus jeunes, tandis que des ateliers d’écriture permettent d’appréhender la démarche de l’auteur ou de l’autrice à partir de différents thèmes, créant ainsi des ponts entre les spectacles. Les textes sont ensuite affichés et/ou lus par les comédiens participant au festival. Un atelier autour de la poésie est également mis en place, afin d’aborder le travail sur le vers et la diversité des écritures poétiques. Enfin, une table ronde est organisée, afin de créer un temps d’échange entre les spectateurs et les équipes artistiques autour d’un élément clef du festival. Cette année, c’est le Romantisme qui y sera abordé. Ces ateliers, animés par des artistes du festival, contribuent à proposer une vision du paysage artistique qui dépasse le cadre de la représentation stricto sensu, et à consolider le lien entre les équipes artistiques et les spectateurs.

Après une année pour le moins chaotique, qu’espérez-vous susciter ?

Le festival de l’Olmu avait, malgré la crise sanitaire, réussi à se maintenir à l’été 2020. Une partie de la programmation avait néanmoins dû être adaptée ; l’édition 2021 du festival permettra, en premier lieu, de jouer à Olmeto les spectacles initialement prévus en 2020 qui ont pu être reportés, afin de soutenir les artistes empêchés par les circonstances. Nous avions, l’an passé déjà, mesuré l’importance de retrouver ces temps collectifs, et de pouvoir à nouveau vibrer ensemble, d’un côté du plateau comme de l’autre. Nous espérons, évidemment, que le public sera au rendez-vous ; mais celui-ci, y compris dans le contexte particulier de la saison dernière, ne nous a jamais fait défaut. Le plein air jouant en notre faveur, nous aspirons simplement à pouvoir partager avec les spectateurs nos désirs, nos rêves, nos révoltes et nos questionnements et, par-delà les montagnes et malgré les mers intranquilles, tenter de construire ensemble des ponts, et de nouveaux horizons.

Propos recueillis par Laurie AMONT

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En savoir plus : festival de l’Olmu

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"L'Ordre et l'anarchie", mise en scène de Nicolas Foray, festival de l'Olmu 2019 (crédits Bauube)

« L’Ordre et l’anarchie », mise en scène de Nicolas Foray, festival de l’Olmu 2019 (crédits Bauube)

 



 

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