“The Operative” de Yuval Adler : film d’espion et tragédie intime

“The Operative” de Yuval Adler : film d’espion et tragédie intime
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The Operative de Yuval Adler, qui sort aujourd’hui dans les salles françaises (distribution Le Pacte), plonge les spectateurs dans la délicate vie d’une espionne, entre vie professionnelle et vie privée. Le scénario est adapté du roman The English Teacher, best-seller de l’ancien agent de renseignement israélien Yiftach Reicher Atir.

Yiftach Reicher Atir tire la matière de son récit de sa propre expérience, ainsi que de témoignages d’agentes du Mossad. Le livre, qui a été censuré en Israël, a reçu un bon accueil critique aux États-Unis. Le Washington Post l’a qualifié de « l’un des meilleurs thrillers de 2016, offrant une vision étonnante du métier d’espion au Moyen-Orient ». L’action se déroule à Téhéran, Cologne, Leipzig et Jérusalem.

Yuval Adler

Scénariste et réalisateur, Yuval Adler a étudié les mathématiques à l’université de Tel-Aviv, puis a obtenu un doctorat en philosophie de l’université Columbia à New York, où il a également étudié la sculpture et la photographie. Après avoir exposé dans plusieurs galeries, il décide de se consacrer entièrement au cinéma.

Son premier long métrage, Bethléem, a été présenté au festival international du film de Venise où il a remporté le prix Venice Days du meilleur film. Il a également remporté six Ophirs (équivalent des César israéliens) et a été sélectionné pour représenter son pays aux Oscars. The Operative est son deuxième long-métrage.

Synopsis de The Operative – À la fin des années 2000, alors que le monde craint que l’Iran ne se dote de l’arme atomique, Rachel (Diane Kruger), ex-agente du Mossad infiltrée à Téhéran et en lien avec Farhad (Cas Anvar), une précieuse source iranienne, disparaît sans laisser de trace. Thomas (Martin Freeman), son référent de mission, doit la retrouver entre Orient et Occident, car Rachel doit revenir à tout prix sous le contrôle de l’organisation… ou être éliminée.

Souvenirs de Yuval Adler

« En dépit de la popularité des récits d’espionnage, tant réels que fictionnels, on a rarement idée des rouages et des individus qui se cachent derrière des opérations aussi complexes.

Lorsque j’ai lu The English Teacher de Yiftach Reicher Atir, ex-agent du Mossad devenu romancier, j’ai été captivé. Son soin à décrire les conséquences psychologiques du travail de l’espion, son extrême souci du détail et son exploration de l’aspect personnel du renseignement d’origine humaine m’ont fasciné. Le roman s’inspire de véritables agents et de faits réels, si bien qu’il a été fortement censuré à sa parution en Israël.

Le travail d’un espion ne s’arrête pas à des fusillades et des poursuites en voiture. Il s’agit d’endosser une identité et de l’assumer pleinement durant une longue période. Simuler un quotidien, se mettre en danger, renoncer à une vie normale, cacher sans cesse la vérité à son entourage… Qui peut avoir envie de ça ? Quelle structure mentale amène quelqu’un à choisir cette vie-là ?

Rachel est une femme sans racines, qui a grandi partout et nulle part. C’est une personne sans attache particulière à aucun pays, aucune cause, qui s’est retrouvée en Israël presque par hasard. Mais malgré ça, ou peut-être à cause de ça, elle rejoint le Mossad et devient l’une des meilleures espionnes occidentales en Iran. C’est quelqu’un qui trouve un sens dans le rôle qu’elle endosse et se libère grâce au masque qu’elle porte. Le film explore son parcours et ses relations complexes avec Thomas, son officier traitant, ainsi qu’avec Farhad Razavi, sa source à Téhéran, un homme d’affaires iranien qui ne se doute de rien.

Thomas, un Juif anglais vivant à Berlin, est lui-même une pièce rapportée au sein du Mossad. Il est le seul contact de Rachel à l’Ouest. Le rapport officier-agent me fascine profondément. C’est une relation sur laquelle je me suis déjà penché dans mon précédent film Bethléem. Un officier traitant utilise des émotions réelles, une empathie véritable et une affection sincère afin de contrôler et de manipuler. C’est une fonction contradictoire dans laquelle l’officier traitant est à la fois caché et exposé.

Les rapports entre Thomas et Rachel se compliquent du fait de la relation de cette dernière avec Farhad, sa source iranienne – une relation inattendue tant pour le Mossad que pour Rachel elle-même. Du point de vue du Mossad, cela fait d’elle un électron libre, un élément difficile à contrôler. Mais la qualité des renseignements provenant de Farhad balaye leurs réserves concernant l’intimité et la sécurité de Rachel. Il appartient désormais à Thomas de s’assurer que Rachel accomplisse les plans du Mossad, tout en gérant les sentiments qu’il a pour elle.

Sortie du cadre de l’espionnage, l’histoire relève d’un récit triangulaire classique. Avec Thomas, Rachel entretient une relation complexe de confiance, de dépendance, de ressentiment et de manipulation réciproque. Avec Farhad, elle est plus ouverte, tant émotionnellement que sexuellement, précisément parce qu’elle lui cache tout et qu’elle lui ment constamment.

The Operative est à mes yeux un drame intime qui sonde les rapports de force entre le professionnel et la vie privée. Au-delà des scènes d’action complexes et des complots internationaux, ma priorité, dans ce thriller stylisé, est avant tout le visage des personnages et l’exploration de leur monde intérieur. »



Crédits photographiques : Kolja Brandt



 

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