“ZZAJ” : une épopée musicale et sympathiquement clownesque

“ZZAJ” : une épopée musicale et sympathiquement clownesque
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Augustin Ledieu et Matthias Lauriot-Prevost nous invitent à un voyage au pays du jazz : un spectacle clownesque et musical, qui mêle à un rythme effréné et avec talent le théâtre, l’humour, le mime, la chanson, la musique et la danse.

AVIGNON IN/OFF

Publié le 10 juillet 2019 – Actualisé le 10 juillet 2021

L’entrée dans la salle rime avec entrée dans un studio d’enregistrement radiophonique. Sous le regard ahuri de Robert, nous nous installons ; nous comprenons d’emblée les raisons de son hébétude et (sou-)rions déjà. En un regard, en un miroir, par un début de geste, Robert – interprété par le jeune comédien Augustin Ledieu – provoque l’hilarité. Les premières minutes sont dans cet esprit : l’hébétude, l’incompréhension, la lenteur, avant de monter intelligemment en puissance jusqu’à la folie… et l’échec, l’inexorable chute, qui se répétera tout au long de la pièce (ou presque).

Nous le comprenons : le pari est résolument clownesque. Il est celui de la metteure en scène Sandrine Righeschi, qui a rencontré le jeune duo musical constitué d’Augustin Ledieu (voix, claviers) et Matthias Lauriot Prevost (guitare, batterie, trompette) alors qu’il donnait des récitals au théâtre la Cible (quartier de Pigalle, à Paris) sur l’histoire du jazz. Elle a donné chair théâtrale et scénique à cette ossature. Le résultat est sympathique, drôle, vivant. Les deux comédiens-musiciens se débattent ainsi pour réussir l’émission de radio, synonyme de non-licenciement, mais vont d’échecs en échecs : fuite d’eau, oubli d’un trombone, électrocution, angoisse, etc. Rien ne leur est épargné ; toujours ils cherchent à se relever, à créer, à avancer…

Matthias Lauriot-Prevost, musicien hors pair, incarne un personnage timide, presque mutique, en dépit de ses « Pardon » répétés à plusieurs reprises. Ses mimiques initiales rappellent celles du célèbre humoriste Régis Laspalès. En miroir, Augustin Ledieu est d’une frénésie qui offre un beau et joyeux contrepoint. Entre les deux comédiens, par intermittence, retentit des voix-off qui signifient les réactions possibles du public, ou qui transmettent la parole d’un standard qui n’est pas sans rappeler les précipitations vocales de François Pérusse dans Les 2 minutes du peuple.

Nous entrons dans cette histoire du jazz avec grand plaisir, par le rire et la musique, car Matthias Lauriot-Prevost est un excellent musicien tandis qu’Augustin Ledieu assume avec un talent insolent le chant, le clown et les pas de danse. Les différentes séquences sont variées, rythmées visuellement et tout en nuances par les lumières, ne provoquant jamais l’ennui : le public est appelé à s’accorder sur « Oh when the saints » une scène mémorable, qui monte avec un crescendo savamment maîtrisé , à donner son accord aux comédiens, à écouter les variations mélodiques des grands standards du jazz (qui finissent d’emporter l’adhésion du public), du blues ou encore de la bossa nova (comme un hommage, évidemment involontaire, à Joao Gilberto), à entrer dans le silence contemplatif du cool jazz

Il y a deux ans, le spectacle souffrait encore de quelques imperfections, du fait que c’était la première. Aujourd’hui, après un travail remarquable, il est arrivé à maturité, pour notre plus grand plaisir. Il y a certes une ou deux très légères longueurs, mais l’immense et rare générosité des deux artistes sur scène emporte tout sur son passage. Le public est conquis. Un duo fort sympathique à suivre, dans son chemin vers les cimes.

Pierre GELIN-MONASTIER

Matthias Lauriot-Prevost et Augustin Ledieu (crédits : Julien Ginoux)



SPECTACLE : ZZAJ

Création : mai 2019
Durée : 1h10
Public : à partir de onze ans

Mise en scène : Sandrine Righeschi
Avec Matthias Lauriot-Prevost (comédien, guitare, batterie, trompette) Augustin Ledieu (comédien, voix, claviers)
Voix off : Emmanuel Lanièce / Divers
Scénographie : Sandrine Righeschi et Agnès de Palmaert
Costumes : Sandrine Righeschi
Lumières : Jennifer Montesantos
Travail sonore : François Lanièce
Graphiste : Nicolas de Palmaert (atelier des Palmar)

Crédits photographiques : Julien Ginoux
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OÙ VOIR LE SPECTACLE ?

Spectacle vu le 7 juillet au théâtre de l’Atelier 44 (Avignon Off) et revu à l’Espace Roseau-Teinturiers le 9 juillet 2021 (Avignon Off).

– Du 7 au 31 juillet à 22h20 : Espace Roseau-Teinturiers (Avignon)

Toutes les dates : tournée

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