10 avril 1909 : la symphonie tortue de Balakirev

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10 avril 1909… 112 ans jour pour jour – Au soir de sa vie, Mily Balakirev compose (enfin) sa seconde symphonie, une partition qu’il met de longues années à écrire. Si son style demeure inchangé, on y retrouve une invention et une science de l’orchestration qui font toujours mouche.

Mily Balakirev, quasi autodidacte, fut le mentor omnipotent du fameux groupe des cinq, l’impitoyable critique des autres, un grand orchestrateur mais aussi un compositeur diesel, assez peu productif. Un diesel un peu à l’ancienne, celui qui a fait la gloire des longues berlines plates et ferrailleuses des années 1970-80, lent au démarrage, mais sûr dans la durée, sans trop de surprise, même avec un surplus croissant de fumée. Balakirev a en effet toujours eu du mal à mener à bien ses compositions, qui du coup ne sont pas légion. Il est au soir de sa vie lorsqu’il commence sa seconde symphonie, en 1907, après y avoir réfléchi depuis… 1900. Il faut rappeler néanmoins qu’il avait mis trente ans à boucler la 1ère. Ce n’est plus une tortue, c’est un paresseux.

Justement, en février 1908, Balakirev écrit au critique M.-D. Calvocoressi : « Vous me demandez des nouvelles de ma deuxième symphonie. Elle avance à pas de tortue (comme c’est toujours le cas avec mes compositions), et jusqu’à présent, trois de ses mouvements sont composés et orchestrés. » Pourtant, cette fois, le diesel boucle la boucle en quelques mois. On ne peut pas dire qu’il ait beaucoup renouvelé son style, resté figé trente ou quarante ans auparavant, mais il a gardé une invention et une science de l’orchestration qui font toujours mouche.

Voici cent douze ans, c’est son élève et compositeur Sergueï Liapounov qui dirige l’orchestre à Saint-Pétersbourg pour le dernier succès de Balakirev, qui meurt l’année suivante.

J’ai choisi le second mouvement de cette symphonie, le scherzo (habituellement, il est plutôt placé en 3e), « alla cosacca », marqué aussi – il faut s’accrocher : « Allegro ma non troppo ma con fuoco e energico », faut savoir hein. En tous les cas, il s’agit d’un des meilleurs mouvements symphoniques écrits par Balakirev, et c’est vrai qu’il est vraiment original et séduisant, ce qu’on ne peut hélas pas dire du reste de cette œuvre.

Cédric MANUEL

 



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Rubrique : éphéméride



 

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