10 juin 1918 : la mort de Boito

10 juin 1918 : la mort de Boito
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Instant classique – 10 juin 1918… 102 ans jour pour jour. Arrigo Boito meurt d’une angine de poitrine à Milan, à soixante-seize ans. C’était un peu un artiste à tout faire.

Avant tout dramaturge et poète, journaliste acéré, homme politique qui revendiqua son attachement à Garibladi et qui est – comme Verdi l’avait été – sénateur, il était aussi, comme on le sait mieux, compositeur, alors qu’il n’a pas laissé grand chose en la matière à la postérité. Mais au moins un opéra pilier du répertoire, Mefistofele, et un autre inachevé, Nerone.

Mais Arrigo Boito, c’est surtout un librettiste, et pas des moindres. Avec lui et sa conception du théâtre, les livrets d’opéras auxquels il participe ou qu’il réalise tournent un peu le dos aux mièvreries mal écrites d’œuvres pourtant phares. Et Boito, c’est l’homme d’une rencontre, qui a bien failli ne jamais avoir lieu. À vingt ans à peine, en 1863, Boito et d’autres artistes, subjugués par Wagner, s’attaquent à Verdi, relégué au passé et qui le prendra très mal. Quelques années après, lorsque Boito présente son Mefistofele, Verdi lui assène un « ouvrage curieux de quelqu’un qui veut se faire remarquer »… Et pourtant, c’est la rencontre Boito-Verdi, quelques années plus tard, qui va porter l’œuvre du vieux compositeur parmesan au firmament alors qu’il pensait avoir tout dit. Boito refond Simon Boccanegra, fabrique Otello et Falstaff ; et Verdi, puisant là son ultime inspiration, subjuguera le monde par sa modernité et son génie, jusqu’à ses quatre-vingts ans.

Boito n’avait bien sûr pas le génie musical de Verdi, mais il avait quand même un fameux talent. Son œuvre-phare, Mefistofele, en contient maints exemples, comme ce long et merveilleux prologue, durant lequel Méphisto défie le ciel. Pour ses soixante-quinze ans, Riccardo Muti s’est offert à Ravenne, avec son orchestre giovanile Luigi Cherubini, ce morceau de bravoure, avec le Méphisto impressionnant (mais on ne peut pas s’empêcher de repenser avec nostalgie à ce que faisait un Samuel Ramey dans ce rôle) d’Ildar Abdrazakov et un chœur d’enfants, pour ne citer que lui, très remarquable.

Cédric MANUEL



Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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