11 septembre 1928 : les lettres intimes de Leoš Janaček à Kamila

11 septembre 1928 : les lettres intimes de Leoš Janaček à Kamila
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Instant classique – 11 septembre 1928… 91 ans jour pour jour. Leoš Janaček rencontre Kamila Stösslová en 1917 et c’est comme s’il s’était brûlé au soleil. Lui est marié depuis trente-six ans et elle est l’épouse de David Stössel, qui avait aidé Janaček à obtenir de quoi subvenir à ses besoins pendant la guerre.

Il peut faire plus ample connaissance avec la jeune mère de famille pendant les absences du mari, dans de longues promenades. Ébloui par cette jeune femme qui a presque quarante ans de moins que lui et dont on peut voir une photo de l’année de leur rencontre pour illustrer cet extrait musical (ma foi, moi, je le comprends notre ami Leoš), Janaček commence avec elle une intense correspondance et c’est peu dire qu’elle sera sa muse pour la dernière décennie qu’il lui reste à vivre.

Elle ne partage cependant pas ses sentiments, très loin s’en faut. Souvent distante et froide, elle lui répond pourtant, passe du temps avec lui et se trouvera à ses côtés lorsqu’il mourra en 1928. Justement, cette année-là, Janaček lui écrit : « J’ai commencé un quatuor, je l’appellerai « Lettres d’amour ». Je peux enfin écrire de la musique sur elles ». Il appellera finalement ce quatuor Lettres intimes, et remplacera la viole d’amour qu’il avait d’abord choisie parmi les quatre instruments par un alto plus classique.

Il écrit ce quatuor en trois semaines au cœur de l’hiver 1928 et en donne tous les détails de la construction dans ses lettres, dont on devine qu’elle les lit avec distanciation.

Œuvre du dernier Janaček, elle est relativement complexe et difficile. Elle est divisée en quatre mouvements classiques : l’andante est d’abord assez agité et sombre, puis s’illumine (ici Janaček précise : « lorsque je vous ai vue pour la première fois ». Il la vouvoie ou la tutoie alternativement) ; l’adagio suivant s’appuie surtout sur l’alto (et donc, auparavant sur la viole d’amour), très sensible ; le moderato est très agité et laisse deviner un certain désenchantement ; enfin l’allegro, plus sentimental, plus dansant, reprend certains thèmes de ses opéras.

L’œuvre est créée chez lui en mai, mais il faut attendre le 11 septembre 1928, un mois après la mort du compositeur le 12 août, pour qu’elle le soit en public. On ne sait ce qu’a pu en penser la muse froide et pourtant si présente du vieux Leoš.

Cédric MANUEL



Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



 

 

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