18 août 1888 : les gymnopédies d’un inconnu nommé Satie

18 août 1888 : les gymnopédies d’un inconnu nommé Satie
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Instant classique – 18 août 1888… 130 années jour pour jour. C’est dans le second supplément de la revue La musique des familles, paru le 18 août 1888 à Paris, qu’est publiée pour la première fois une pièce pour piano écrite par un jeune compositeur de vingt-deux ans né à Honfleur et répondant au nom d’Erik Satie, fils du directeur de cette même revue.

Le nom de cette pièce n’est pas banal : c’est une « gymnopédie », ce qui renvoie à une danse de la Grèce antique exécutée à Sparte par des éphèbes nus lors de fêtes rituelles. On n’en est pas certain, mais Erik Satie aurait été inspiré en lisant le Salammbô de Flaubert.

Il a composé en même temps trois partitions, au printemps 1888, trois gymnopédies qui vont généralement ensemble. Il s’agit de courtes pièces, très dépouillées, lentes et pleines de nostalgie et de mystère, dont la première, celle qui est publiée ce 18 août, est dédiée à Jeanne de Bret. La seconde gymnopédie, moins connue et dédiée au frère de Satie, Conrad, sera publiée sept ans plus tard, tandis que la troisième, au tempo « lent et grave », le sera très vite après cette publication du 18 août 1888, et dédiée au compositeur Charles Levadé. Claude Debussy orchestrera avec un raffinement extrême les première et troisième quelques années plus tard.

Leonard Bernstein disait que la musique, ce ne sont que des notes. En soi, elle ne veut rien dire. Les émotions qui en procèdent viennent de ce que ces alignements de notes nous inspirent lorsqu’on les entend ; elles peuvent évoquer des choses bien différentes d’une personne à l’autre. C’est comme lorsqu’on regarde les nuages et leur forme. Ils n’apparaissent jamais vraiment comme on les voit aux yeux des autres.

Aujourd’hui, ces gymnopédies, si célèbres – notamment la première – résonnent plus tristement encore que leur doux balancement ne le fait habituellement ressentir. Puissent-elles, malgré leur nudité et leur dépouillement ou grâce à eux, envelopper ceux qui souffrent.

 

Cédric MANUEL

 



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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