19 janvier 1924 : Auric de déplaire aux Fâcheux

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Instant classique – 18 janvier 1874… 147 ans jour pour jour. L’opéra de Monte-Carlo est en ébullition : ce jour y est créé le ballet Les Fâcheux, sur la pièce de Molière et avec des décors peints par Georges Braque. L’œuvre est une commande du tout puissant patron des Ballets russes, Serge de Diaghilev, au compositeur Georges Auric. Très réjouissant !

Georges Auric (1899-1983) est l’un des grands compositeurs français du XXe siècle, membre du fameux groupe des six avec Poulenc, Milhaud, Honegger, Tailleferre et Durey. On l’a un peu oublié, et pourtant on le connaît bien lorsqu’on est cinéphile. Car il fut un grand compositeur de musiques de film : La Grande vadrouille, que vous connaissez par cœur (d’ailleurs, pour la musique, il n’y avait que Berlioz et lui !), ou encore Le Bossu, mais aussi La Belle et la Bête ou Orphée de Cocteau, le fameux Moulin Rouge de John Huston, les légendaires Vacances romaines, le Salaire de la peur et une kyrielle de films pendant plus de quarante ans de René Clair, Jean Delannoy, Henri-Georges Clouzot, etc.

En 1923, alors qu’il n’a que vingt-quatre ans, le tout puissant patron des Ballets russes, Serge de Diaghilev, lui commande un ballet sur un argument tiré de la pièce de Molière, Les Fâcheux. C’est Boris Kochno qui fait le livret mais en réalité on y retrouve assez peu de la pièce. Il s’agit d’une succession de danses toutes plus énergiques et poétiques les unes que les autres, pleines de vie et particulièrement divertissantes. La création, voici tout juste quatre-vingt-dix-sept ans à l’opéra de Monte-Carlo, se fait dans des décors peints par Georges Braque, qui signe aussi les costumes, tandis que Bronislava Nijinska signe la chorégraphie.

Ces danses si amusantes décrivent donc le long défilé de tout un tas de fâcheux, qui ont tous leurs petites manies. À croire qu’Auric vivait à Paris (ah mais oui, tiens !). C’est en tout cas très réjouissant. Auric navigue dans cette atmosphère ironique avec « un sens aigu du cocasse et de l’acide, une invention mélodique claire et craquante, une harmonie franche, sèche et drue », selon le musicologue Claude Rostand (aucun rapport avec Edmond à ma connaissance).

Alors si vous aussi vous connaissez un tas de fâcheux (on est tous le fâcheux de quelqu’un de toute façon), faites vous du bien avec l’ami Auric !

Cédric MANUEL



À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



 

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