19 juin 1825 : l’« opéra sur rien » de Rossini

19 juin 1825 : l’« opéra sur rien » de Rossini
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Instant classique – 19 juin 1825… 193 années jour pour jour. À l’été 1824, Gioachino Rossini, à peine arrivé à Paris, est nommé directeur artistique du Théâtre-Italien. Il y monte ses opéras mais n’entreprend rien de nouveau.

Louis XVIII meurt peu après et son frère, le nouveau roi Charles X, manifeste rapidement, au contraire du défunt, son souhait d’organiser un couronnement digne de l’idée qu’il se fait de lui-même. Gioachino Rossini reçoit alors la commande d’une œuvre lyrique, une « cantate scénique » destinée à célébrer l’événement.

Le livret de Luigi Balocchi imagine alors une riche troupe cosmopolite qui se retrouve coincée dans une auberge alors qu’elle se rend justement au sacre. S’ensuivent des séries d’airs et d’ensembles tous plus virevoltants, cocasses et imaginatifs les uns que les autres, qui ont pour but ou pour effet selon l’humeur de faire passer le temps, jusqu’à l’hymne solennel tiré du chant à la gloire du bon roi Henri, qui laisse la place à un finale de circonstance.

Le sacre a lieu le 29 mai à Reims et, trois semaines après, cet objet lyrique non identifié que constitue ce Voyage à Reims, cet « opéra sur rien » comme le nomme Jean-Michel Brèque dans le numéro de l’Avant-Scène opéra qui lui est consacré, est créé au Théâtre-Italien. Il remporte un succès écrasant. Mais Rossini doit considérer que la flatterie royale a ses limites et retire lui-même l’œuvre presque immédiatement. Il réutilisera, comme à son habitude, de nombreux numéros de sa partition dans son Comte Ory trois ans plus tard. Et on oubliera la « cantate scénique » pendant de longues décennies, tant est si bien qu’on l’a cru perdue.

Au début des années 1980, les musicologues Janet Johnson et Philipp Gossett reconstituent l’œuvre grâce à des fragments retrouvés un peu partout en Europe et l’œuvre ressuscite triomphalement au festival de Pesaro sous la baguette de Claudio Abbado avec une pléiade de stars et dans une mise en scène de Luca Ronconi en 1984. Claudio Abbado reprendra cette production maintes fois, dont ici à Vienne quatre ans plus tard, avec une distribution un peu différente, mais pas moins prestigieuse.

Voici le fameux finale, introduit par le doux air de Corinne – rôle tenu par la Pasta lors de la création et ici par Cecilia Gasdia – jusqu’à l’hymne conclusif.

Cédric MANUEL



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Photographie de Une – Rosace de la cathédrale de Reims



 

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