2 février 1795 : Joseph Haydn et la symphonie miraculeuse

2 février 1795 : Joseph Haydn et la symphonie miraculeuse
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Instant classique – 2 février 1795… 223 années jour pour jour. En 1795 est inaugurée à Londres une série de neuf concerts, appelée « Opera Concerts ». C’est le violoniste et compositeur Giovanni Battista Viotti qui les coordonne et fait venir d’illustres confrères.

Joseph Haydn se trouve alors dans la capitale britannique depuis 1791 et crée dans ce cadre nouveau ses trois dernières symphonies. C’est donc la 102e, en si bémol majeur, qui est présentée ce 2 février au public. C’est autour de cette symphonie qu’est née une légende tenace, qui a longtemps collé à tort la création de la 96e symphonie, mais dont les faits ont en réalité eu lieu lors de ce concert du 2 février 1795.

Voici comment le raconte l’un des premiers propagateurs de cette légende, Albert Christoph Dies, l’un des plus précoces biographes de Haydn : « Quand Haydn apparaissait et s’asseyait au pianoforte pour diriger une symphonie, les auditeurs du parterre, gagnés par la curiosité, quittaient leur siège et se pressaient vers l’orchestre pour mieux contempler cet homme célèbre. Les sièges au milieu du parterre étaient donc vides et à peine l’étaient-ils que le grand chandelier s’écrasa au sol, se brisant et jetant l’assemblée dans la plus grande confusion. Le premier choc surmonté, ceux qui s’étaient pressés en avant réalisèrent le danger auquel ils venaient heureusement d’échapper, on trouva les mots pour l’exprimer, et plusieurs personnes se mirent à crier Miracle !… »

Tout ça est beau comme des racontars superstitieux ! Et voilà d’ailleurs pourquoi est accolé à la 96e symphonie le titre de « Miracle ». Erreur de symphonie, mais grosse exagération dans les faits. D’abord, A. C. Dies n’était pas là ; c’est l’histoire de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours… Il reconnaît avoir demandé à Haydn lui-même, qui lui a répondu : « Je ne sais pas »… ce qui signifie que soit il était sourd, soit aveugle, soit très très distrait vu l’ampleur du drame évité. Et puis les journaux du lendemain, eux, mentionnent bien une petite interruption due à la chute d’un chandelier, qui n’avait pas empêché qu’on bisse le dernier mouvement !

Si toute cette histoire devait servir à démontrer qu’Haydn était un dieu, il suffit d’écouter sa symphonie, absolument remarquable d’inventivité et de fraîcheur, même si elle commence « largo » avant de s’envoler, jusqu’au finale survolté, typique de « Papa Haydn ». Comme l’œuvre est relativement brève (25 minutes environ), je vous la propose dans son intégralité, ici par le Concertgebouw d’Amsterdam dirigé par un Harnoncourt tranchant.

Cédric MANUEL



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



 

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