29 mai 1905 : un poème philosophique de Scriabine

29 mai 1905 : un poème philosophique de Scriabine
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Instant classique – 29 mai 1905… 115 ans jour pour jour. Alexandre Scriabine attachait beaucoup d’importance à sa troisième symphonie, baptisée Divin poème, et qui sera sa dernière, même si sa forme pose question et la rapproche plutôt des grands poèmes symphoniques de l’auteur.

Encore tournée vers le passé et vers Wagner, cette symphonie compte en effet trois mouvements fondus en un seul (d’où le doute sur sa forme) et elle est sans doute la plus significative des trois. Avant tout parce qu’Alexandre Scriabine en fait une sorte de manifeste. En effet, cet étrange personnage était particulièrement influencé par la synesthésie (il percevait les notes et les sons comme des couleurs) et la théosophie, qui pour faire très simple est un ensemble de croyances issues des religions hindoues.

Dans ce Divin poème, Scriabine décline ses croyances en trois mouvements un peu nietzschéens qui dessinent la trajectoire de l’âme humaine : la lutte et mêmes les luttes ; les voluptés ou le retour du plaisir ; et enfin le jeu divin qui symbolise la liberté. Il explique lui-même que « l’évolution de l’esprit humain, qui, arraché à un passé entier de croyances et de mystères qu’il surmonte et vainc, passe par le panthéisme et atteint à l’affirmation, pleine de joie et d’ivresse, qu’il est libre et ne fait qu’un avec l’univers. » Vous voyez un peu…

Scriabine compose cette vaste partition, comme toujours très foisonnante (d’aucuns diraient trop : parfois, il est un poil indigeste, il faut bien le dire) en deux ans, entre 1902 et 1904. C’est Arthur Nikisch qui en dirige la création à Paris (mais oui !) voici cent quinze ans. Scriabine est alors en voyage permanent depuis l’année précédente. Il a trente-trois ans et sa vie est mouvementée. Même si sa musique très atypique pour les Russes lui ferme de nombreux soutiens, l’avenir semble s’ouvrir à lui, mais ce musicien qui pense et compose en couleurs ne sait pas, alors, qu’il lui reste dix ans à vivre.

Voici la fin de cette partition , d’ambiance presque joyeuse puisqu’on célèbre la liberté !

Cédric MANUEL



Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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