30 janvier 1917 : le tragique opéra de la laideur d’Alexander Zemlinsky

30 janvier 1917 : le tragique opéra de la laideur d’Alexander Zemlinsky
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Instant classique – 30 janvier 1917… 101 ans jour pour jour. Oscar Wilde avait commencé une pièce intitulée Une tragédie florentine à la fin du XIXe siècle, qu’on avait crue perdue et qui fut retrouvée après sa mort, sans doute incomplète. Ce texte intéressa d’emblée Puccini, qui y renonça faute de parvenir à un accord sur les droits d’auteur. Quelques années plus tard, Alexander Zemlinsky relève le défi (tout en ayant des problèmes de droits d’auteur aussi).

Il reprend la pièce dont il fait le livret de son opéra, très court (moins d’une heure), avec le même titre. L’œuvre est créée à l’Hoftheater de Stuttgart

Voilà un opéra sauvage, dont la musique, particulièrement âpre, décrit les changements brutaux d’atmosphères, tour à tour sensuelle puis violente, dissonante, grotesque, immorale.

Il y a, dit-on, beaucoup d’Alexander Zemlinsky dans cette œuvre : d’une part, le compositeur souffre de sa laideur (ici représentée par le lourd et vieilli marchand Simone), qui est sa tragédie intime et dont il tendra un miroir encore plus cruel dans son œuvre suivante, Le Nain, toujours d’après Wilde (Le cadeau de l’infante) ; d’autre part son ami le peintre Richard Gerstl s’est suicidé après que la sœur de Zemlinsky et épouse d’Arnold Schönberg l’a quitté à la suite d’une brève liaison.

Résumé

Le riche et empâté commerçant Simone surprend sa femme Bianca en tête à tête avec le jeune et beau prince Guido Bardi dans sa maison à Florence. Il fait semblant de s’en accommoder et profite de la situation pour vendre au prince des objets de grande valeur. Si bien que le prince finit par lui demander le prix de sa femme. Profondément touché, il ne laisse rien paraître et continue de faire semblant. Bianca le regarde avec mépris.

Il laisse les amants seuls un instant (ils en profitent un peu), puis lui propose de se mesurer à lui à l’arme blanche, pour jouer un peu le jeune aristocrate contre le gros bourgeois. Le prince, plus souple et expérimenté, en profite pour le blesser légèrement. Mais lors d’un nouvel échange, il est désarmé par Simone, qui propose de passer à un combat au poignard, puis à mains nues. Le prince, encouragé par Bianca, accepte. Mais le marchand, plus costaud, n’a aucun mal à prendre le dessus et à l’étrangler. Bianca le regarde fascinée : « Pourquoi ne m’as tu jamais dit que tu étais si fort ? ». Il lui répond : « Pourquoi ne m’as tu jamais dit que tu étais si belle ? », avant de l’embrasser.

Cédric MANUEL



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



Photographie de Une – Richard Gerstl, Autoportrait demi-nu (1904–1905, musée Leopold, Vienne)



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