4 avril 1867 : une petite pièce de Saint-Saëns qui a tout d’une grande

4 avril 1867 : une petite pièce de Saint-Saëns qui a tout d’une grande
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Instant classique – 4 avril 1867… 152 ans jour pour jour. Il est assez commun, chez les musicologues et même les amateurs éclairés de dénigrer tour à tour la « facilité » (pour les uns) ou « l’académisme » (pour les autres) de Camille Saint-Saëns.

Heureusement pour eux, et pour nous, la musique est d’abord ce qu’elle nous apporte et ce qu’on ressent, quel que soit le style, l’époque et l’audace. Comme il s’agit d’un terrain de totale liberté, les sentences définitives n’ont pas grand chose à y faire. L’introduction et rondo capriccioso de Saint-Saëns a subi ce type de jugement péremptoire d’œuvre à l’intérêt « incertain », et c’est pourtant un des tubes incontestés de la musique classique (c’est vrai aussi que, de tous temps, les « tubes » ont toujours paru suspects aux puristes).

Elle provient d’une rencontre entre le compositeur et le violoniste virtuose Pablo de Sarasate, sorte de réincarnation espagnole de Paganini, qui déchaînait les foules par sa virtuosité. Alors que Sarasate n’avait que 15 ans en 1859, il avait commandé à Saint-Saëns pas beaucoup plus vieux à 24 ans un concerto pour violon. C’était le début d’une longue collaboration qui culminera avec le chef-d’œuvre que constitue le 3e concerto en 1880, mais c’est une autre histoire.

Quatre ans après avoir réalisé la première commande pour Sarasate, Saint-Saëns compose pour lui une courte pièce ravissante qu’il baptise « Introduction et rondo capriccioso » et que son dédicataire crée il y a tout juste cent cinquante-deux ans. La première partie en est plutôt sombre, avec une belle mélodie qui fait penser à une douloureuse sérénade, vite remplacée par un rondo plus « giocoso » que capriccioso, mais qui teste vite les doigts du virtuose.

Difficile de choisir entre tous les immenses violonistes qui l’ont accroché à leur répertoire et entre les dizaines de versions qu’on trouve aisément. Alors place au plus grand, peut-être, de tous (et encore, c’est si subjectif !), Jascha Heifetz, ici dans un son correct bien que l’enregistrement ait plus de soixante-cinq ans.

Cédric MANUEL



Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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