7 janvier 1893 : un piano complètement bourrée

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Musicien trop excentrique pour son époque, Chabrier est aussi en avance sur son temps : la preuve avec cette courte pièce pour piano qui commence comme une bourrée pour évoluer vers une douceur inattendue, avant de s’achever en un joyeux tintamarre.

En mai 1891, Emmanuel Chabrier, notre auvergnat fonctionnaire (au ministère de l’Intérieur, où il a servi presque vingt ans, jusqu’en 1880), écrit à son ami pianiste Édouard Risler. Il lui parle d’une pièce pour piano qu’il va lui dédier : « Je vous ai fabriqué un petit morceau de piano que je crois assez amusant et dans lequel j’ai compté près de cent treize sonorités différentes. »

Fichtre ! Musicien trop excentrique pour son époque, Chabrier est aussi en avance sur son temps. Il fonde sa partition sur le rythme de la bourrée, danse auvergnate dont on reconnaît le style répétitif et martelé au début. Il y ajoute un second thème très inattendu, très doux, presque discret. Puis tout se mélange, les tonalités diffèrent dans un tourbillon de timbres et tout se termine dans un « joyeux tintamarre ». En somme, cette petite pièce de six minutes recèle tout un orchestre, comme le relève Alfred Cortot.

Chabrier, excellent orchestrateur, ne laisse que des esquisses d’une version pour orchestre, achevée par d’autres et qui est plus célèbre aujourd’hui que sa version originale pour piano, créée voici cent vingt-neuf ans par la pianiste Madeleine Jaeger à la Société nationale de musique.

C’est bien sûr la version originale que je vous propose, et puisque c’est une femme qui l’a créée, je vous la propose par une autre pianiste, aujourd’hui bien oubliée, Cécile Ousset.

Cédric MANUEL



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



 

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