7 juin 1945 : Benjamin Britten et son coup de maître (mais non d’essai)

7 juin 1945 : Benjamin Britten et son coup de maître (mais non d’essai)
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Instant classique – 7 juin 1945… 73 années jour pour jour. Contrairement à ce que l’on croit parfois, Peter Grimes n’est pas la première œuvre lyrique de Benjamin Britten, qui avait composé en 1941 une opérette, Paul Bunyan, qu’il s’employa ensuite à dénigrer jusqu’au soir de sa vie.

Alors qu’il se trouvait aux États-Unis avec son compagnon Peter Pears, fuyant la guerre en Europe, Benjamin Britten entendit sur la BBC une émission à propos du poète britannique George Crabbe, sur son œuvre The Borough, village de pêcheurs au sein duquel vivait Peter Grimes. Village qui rappelait Aldeburgh, petite ville côtière où était né le poète… et Britten.

Matériellement encouragé par le chef d’orchestre Serge Koussevitsky, tout puissant patron de l’orchestre symphonique de Boston, Benjamin Britten retourne dans son pays natal et confie le livret de son futur opéra à Montagu Slater, qui emprunte à d’autres poèmes de Crabbe pour ciseler son ouvrage. La composition dure un an et s’achève début 1945.

À Londres, la Sadler’s Wells, fameuse salle, accepte de créer l’œuvre ce 7 juin 1945, sous la direction de Reginald Goodall, dans une mise en scène d’Eric Crozier et avec Peter Pears dans le rôle titre. Le succès est considérable, scellant la résurrection de l’art lyrique anglais et propulsant Benjamin Britten au premier rang des compositeurs britanniques. Si Peter Pears a marqué profondément le rôle du pêcheur maudit et ambigu, l’un des plus complexes du répertoire, Jon Vickers en a livré une interprétation écrasante que Britten, pourtant, détestait. 

Pour ne pas avoir à choisir entre Pears, Vickers ou encore Langridge, voici un extrait d’une des scènes les plus fortes de l’opéra, l’une des plus terrifiantes aussi, lorsque tout le village se lance, en hurlant le nom de Peter Grimes, dans la chasse à cet homme qu’il soupçonne du pire et qu’il a déjà jugé. Dans cette production légendaire dirigée par Colin Davis en 1981 et dont il reste un des enregistrements les plus fameux de l’œuvre, on voit, lors de l’interlude qui suit ce chœur terrible, apparaître, chancelant, le Grimes halluciné de Vickers.

Cédric MANUEL



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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