“Kabullywood” : un drôle d’objet filmique sur la résistance artistique afghane

“Kabullywood” : un drôle d’objet filmique sur la résistance artistique afghane
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Shab, Mustafa, Sikandar et Qais sont des jeunes Afghans de la classe supérieure. Bourgeois bohèmes, la vingtaine, passionnés d’art et de culture, ils n’ont guère connu que la guerre dans leur pays. Lorsque le « Génération Café », le seul bar de la capitale à offrir une programmation culturelle, est détruit par un attentat terroriste, les quatre jeunes gens se mobilisent. Ils vont retaper une ancienne salle de cinéma et la rouvrir au public.

Kabullywood est un drôle d’objet filmique, un mélange de documentaire et de fiction. Documentaire, Kabullywood l’est assurément, qui montre l’Afghanistan comme on ne la filme guère, loin de l’imagerie caricaturale taliban/burqa/pavot à laquelle elle est réduite. On y voit une métropole comme le tiers-monde en compte tant, laide et polluée dont le seul trait distinctif est la majestueuse chaîne de montagnes enneigées qui ceint le bassin dans lequel elle est lotie. Documentaire également, Kabullywood raconte les efforts désespérés que quelques individus déploient pour y faire (re)vivre une expression artistique. On pense à Salim Shaheen, le réalisateur le plus connu et le plus prolifique d’Afghanistan, auquel Sonia Kronlund a consacré un documentaire sorti en 2017, Nothingwood.

Mais Kabullywood est aussi une œuvre de fiction pas toujours adroite. Tournée à la va-vite avec des acteurs amateurs, elle a parfois la naïveté d’une télénovela brésilienne : ainsi des scènes où le père de Sikandar roule des yeux scandalisés à la découverte des frasques de son fils, où le frère de Shab jure de défendre la réputation de sa sœur. Le scénario n’arrange rien dont les rebondissements pas toujours crédibles (une course poursuite en voiture à Kaboul) n’apportent rien au film.

On en vient à regretter que Kabullywood ne se soit pas borné à ce qu’il aurait pu être : un reportage sur l’impossible réouverture d’un cinéma.

Tony PARODI

 



Louis Meunier, Kabullywood, France – Afghanistan, 2017, 84mn

Sortie : 6 février 2019

Genre : comédie dramatique

Classification : tous publics

Avec Roya Heydari, Omid Rawendah, Ghulam Reza Rajabi, Mohammed Shaghasy, Farid Joya

Scénario : Ariel J. Nasr, Louis Meunier

Photographie : Antoine Marteau

Musique : Orange Blossom

Distribution : Destiny films

En savoir plus sur le film avec CCSF : Kabullywood

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