La Péniche Cancale : première coopérative culturelle en Bourgogne-Franche-Comté

La Péniche Cancale : première coopérative culturelle en Bourgogne-Franche-Comté
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Première SCIC culturelle – Société Coopérative d’Intérêt Collectif – en Bourgogne-Franche-Comté, la Péniche Cancale est un bistrot spectacle amarré au port du canal à Dijon depuis le mois d’octobre 2009. Ce lieu de restauration et de concerts fêtera ainsi ses 10 ans d’existence en octobre 2019. Rencontre avec Manon Letourneur, directrice de la Péniche Cancale.

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Un modèle singulier…

Les trois co-fondateurs de la Péniche Cancale – Benjamin Magnen (président du conseil d’administration), Côme Galley (programmateur) et Manon Letourneur (directrice) – sont des pionniers dans l’expérimentation des SCIC* pour le champ culturel. En effet, si la Péniche Cancale fut inaugurée huit ans après la création de ce statut, celui-ci était encore mal connu à l’époque.

« À l’ouverture de la Péniche en octobre 2009, le statut de SCIC était très mystérieux, voire sibyllin pour pas mal de gens, se souvient Manon Letourneur. Il n’existait qu’une centaine de SCIC en France, et c’est seulement à partir de 2010 que les coopératives culturelles se sont vraiment bien développées. »

S’il existe localement des SCIC* dans différents domaines, tels que la Cité de l’autre économie ou encore La Bécane à Jules, spécialisée dans la réparation de vélo, la Péniche Cancale est stricto sensu la seule coopérative culturelle de la ville. Au niveau régional, il faut aller à Belfort pour trouver un lieu similaire : le Bar Atteint, restaurant culturel et SCIC depuis 2015.

… au service de l’intérêt collectif

L’ouverture à des publics variés (étudiants, familles ou personnes âgées) et à des tarifs abordables est ici privilégiée : « On a le souci d’être un lieu ouvert au plus grand nombre, en proposant par exemple aux beaux jours des activités artistiques et culinaires gratuites ».

Le soutien aux artistes, la dynamisation du quartier et la valorisation des producteurs locaux forment les principaux objectifs de cette structure, qui est par ailleurs membre de la Coursive Boutaric, Pôle Territorial de Coopération Économique** (PTCE).

Une structure hybride pour un lieu vivant

Il s’agit d’une structure hybride, car tout en étant une société privée, la Péniche sert des intérêts collectifs. L’avantage d’un tel statut est de permettre la réunion d’acteurs issus des secteurs privé et public, dans une plus grande diversité. « Ce cadre permet de fédérer différents acteurs autour d’un même projet – salariés, partenaires artistiques mais aussi commerciaux –, tout cela dans le but de rendre le lieu vivant », explique Manon Letourneur, qui fut administratrice dans le milieu du théâtre pendant 10 ans.

 « Notre coopérative est dirigée par un président et un directeur général, poursuit-elle. L’assemblée générale élit un conseil d’administration, lequel se réunit trois à quatre fois par an. Le capital de la Péniche Cancale est constitué de parts sociales, elles-mêmes détenues par des associés. »

Au sein d’une SCIC, les associés sont réunis par collèges, qui sont au nombre de trois : bénévoles, partenaires (ou bénéficiaires) et salariés.

150 à 180 événements à l’année

Avec 150 à 180 événements culturels au compteur chaque année, la fréquence mensuelle des spectacles, concerts et Dj set, est assez importante. Pour ce cabaret flottant, qui est à la fois un lieu de concerts et un bistrot, le temps de fermeture annuelle de trois semaines est relativement réduit par rapport à d’autres lieux culturels.

« On a un bistrot ouvert toute l’année, un lieu de restauration ouvert tous les soirs et So Fish, un restaurant de poisson ouvert à midi pendant les beaux jours. Nous avons également une activité hors les murs : par exemple, depuis ce début d’année, la prise en charge du catering de La Vapeur (Scène de musiques actuelles). »

Fonctionnant avec 80 % de recettes propres et 20 % de subventions, la Péniche Cancale propose une programmation éclectique. Celle-ci privilégie en effet « les pratiques musicales amateurs, en voie de professionnalisation et professionnelles, et ce dans toutes les chapelles musicales, du jazz, aux musiques actuelles et savantes », précise Manon Letourneur. Enfin, tous les deux mois, les murs de la Péniche sont confiés à un artiste plasticien ou à un illustrateur. Depuis le 18 janvier, on peut notamment voir dans la cale les dessins de Benjamin Moutte.

En tant que coopérative culturelle, la Péniche Cancale témoigne de la réussite et de la stabilité d’un modèle économique, certes minoritaire dans le paysage culturel, mais qui se démarque par son potentiel fédérateur.

Morgane MACÉ

Correspondante Bourgogne-Franche-Comté
Manon Letourneur, directrice de la Péniche Cancale à Dijon en Bourgogne

Manon Letourneur (crédits : Morgane Macé / Profession Spectacle)

* SCIC : Selon la loi de 2001 qui a institué les SCIC, leur objet est « la production ou la fourniture de biens et de services d’intérêt collectif qui présentent un caractère d’utilité sociale ». Le fonctionnement des SCIC est très proche de celui des SCOP : la gestion est démocratique (« une personne = une voix ») et le mode de fonctionnement ne privilégie pas la lucrativité. L’originalité des SCIC est que leur capital peut être détenu également par les salariés et les bénéficiaires de l’activité (les clients, les usagers, les fournisseurs) et par une troisième catégorie d’actionnaires regroupant des collectivités locales, des bénévoles, des financeurs, etc. Aucune de ces parties prenantes ne peut avoir la majorité, ce qui implique intrinsèquement un partage des pouvoirs. (source : economie.gouv.fr)

** PTCE : Un pôle territorial de coopération économique (PTCE) est un regroupement, sur un territoire donné, d’initiatives, d’entreprises et de réseaux de l’économie sociale et solidaire associé à des PME socialement responsables, des collectivités locales, des centres de recherche et organismes de formation, qui met en œuvre une stratégie commune et continue de coopération et de mutualisation au service de projets économiques innovants de développement local durable. (source : Labo de l’ESS)



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