Les migrants vus d’Afrique en ouverture du festival Oui ! à Barcelone

Les migrants vus d’Afrique en ouverture du festival Oui ! à Barcelone
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Hier soir s’est ouverte la 4e édition du festival Oui !, qui fait entendre le théâtre francophone dans la capitale catalane. Mêlant les écritures et les publics, l’événement s’est ouvert avec la représentation de Gibraltar, une pièce sur la douloureuse réalité des migrants, vue par les Africains eux-mêmes. Un spectacle qui a largement enthousiasmé le public de Barcelone.

Une cérémonie d’ouverture rime nécessairement avec remerciements, assumés par les cofondateurs du festival Oui !, Mathilde Mottier et François Vila ; ceux-ci peuvent paraître rébarbatifs à la première écoute mais dévoilent au fil des noms l’importance de l’événement.

Un festival en français à la dimension d’une ville multiculturelle

Car le festival Oui ! se déploie dorénavant dans pas moins de sept lieux de la ville de Barcelone, qui accueilleront ainsi, du 4 au 16 février 2016, une quinzaine d’événements, dont six pièces francophones, des propositions en français d’artistes liés à la Catalogne, ainsi que des lectures, des rencontres et des ateliers. « Ce festival a un rayonnement dans toute la ville », confirme le nouveau directeur de l’Institut français Max Vasseur, arrivé à Barcelone en septembre dernier.

Le festival Oui ! est le festival de théâtre en français de Barcelone, mêlant ainsi différentes écritures francophones et des populations diverses, notamment par l’usage de sur-titres en espagnol. « Le festival Oui ! est le parfait exemple de cette rencontre de plusieurs cultures », appuie Max Vasseur qui cite aussitôt Gibraltar, pièce interprétée par la compagnie Marbayassa, du Burkina Faso.

Cette rencontre interculturelle est renforcée par une toute nouvelle section, inaugurée avec cette quatrième édition : le km0. « Nous avons ouvert la porte de la programmation à des artistes de Barcelone qui sont en lien avec d’autres lieux, en Espagne et dans le monde », déclare avec enthousiasme Mathilde Mottier. Chacun de ces projets est en lien avec la langue française, telle la création de Llop le Loup de Sabrina Souliol et Thomas Merland, spectacle destiné simultanément aux publics francophones et catalanophones, ou encore la lecture dramatisée de Moi dispositif Vénus, de et avec Adeline Flaun, artiste martiniquaise qui vit depuis plusieurs années à Barcelone ; la pièce sera créée en juin prochain à l’Atrium, scène nationale de Martinique.

Le théâtre : « notre réalité augmentée »

« Le théâtre, c’est ce qui est visible : une scène qui s’anime, qui prend vie sous nos yeux par la grâce du jeu des acteurs », exprime pour sa part le consul de France à Barcelone, Cyril Piquemal, passionné de théâtre et qui soutient avec force le festival Oui ! depuis trois ans.

Évoquant la pièce Gibraltar, avant même sa représentation, il se risque avec amour et non sans une touche de lyrisme à suggérer l’apport de l’art, de la fiction théâtrale sur un sujet tel que la migration : « La fiction théâtrale de ce soir va devenir notre réalité augmentée, élargir nos horizons, nous emmener ailleurs, nous confirmer que ‘‘je est un autre’’, nous confronter à une réalité complètement différente et en même temps qui sature nos écrans, cette réalité de la migration qui est au cœur des problématiques du monde contemporain. »

À partir du texte écrit par Guy Giroud, les comédiens Soguira Jules Gouba et Bachir Tassembedo ont immédiatement succédé à Cyril Piquemal, donnant à la parole du consul une performativité exemplaire. Les spectateurs se sont aussitôt vus passer de Barcelone à Ouagadougou, en une fraction de seconde, grâce à une chorégraphie puissante et une interprétation remarquable de bout en bout des acteurs. Il s’agit d’une coproduction de la compagnie Marbayassa, qui signifie « danse de l’humilité », et de la compagnie Ouaka Trame Théâtre, qui est un collectif majeur au Burkina Faso ; elle a remporté il y a deux ans l’équivalent du Molière de la compagnie dans son pays – une distinction que l’on souhaiterait bien voir instaurée dans notre paysage artistique occidental trop souvent individualiste et porté sur la glorification d’un seul. Nous aurons l’occasion de revenir plus en détails sur ce spectacle très prochainement.

Pierre GELIN-MONASTIER

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En savoir plus sur le festival Oui ! : site officiel.

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Photographie de Une – De gauche à droite : François Vila, Soguira Jules Gouba, Max Vasseur, Bachir Tassembedo, Guy Giroud, Mathilde Mottier (crédits : Pierre Gelin-Monastier)



 

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