Le Syndeac, Marine Le Pen et le rapport au temps

Le Syndeac, Marine Le Pen et le rapport au temps
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Le Syndeac, syndicat des entreprises artistiques et culturelles, vient de publier un communiqué sur leur site, et reproduit dans Libération et Le Parisien, intitulé : « La culture dit non au FN ». Demandant à faire barrage au FN sans pour autant manifester de soutien positif à Emmanuel Macron, le Syndeac explique que, selon lui, « ce parti promeut une société xénophobe fondée sur la division, l’exclusion, le repli sur soi et le conflit ».

« Humeurs actuelles »

Le syndicat estime que le Front National « ne propose que le retour nauséeux à l’ordre moral, et la censure des arts et de la culture ». Cette dernière affirmation, qui n’envisage le programme culturel de Marine Le Pen que sous le seul angle de la « censure », est évidemment discutable, comme le montre l’analyse faite par Profession Spectacle des propositions de la candidate.

Faire barrage au Front National ne signifie cependant pas, pour le syndicat, un soutien inconditionnel à Emmanuel Macron : « Le mécénat, le partenariat privé, les Pass Culture ou la seule performance économique ne constitueront jamais les fondements d’une véritable politique publique ».

Deux visions culturelles face au temps

Marine Le Pen affirme une culture patriotique, fondée sur la défense de l’identité nationale, des valeurs et des traditions de la civilisation française. Cette dernière notion, plutôt vaporeuse en ce qu’elle recouvre, voire dangereuse en ce qu’elle ne précise pas, manifeste que la candidate se fait d’abord l’héritière d’un patrimoine reçu, qu’il conviendrait d’entretenir. Pour le reste, son programme est pauvre, très pauvre – un enracinement sans dynamique contemporaine, sans prise en compte des réalités nouvelles.

Le Syndeac abat quant à lui la carte de « la diversité des imaginaires », revendiquant le droit d’inventer collectivement le monde de demain. Contrairement à la candidate du Front National, le Syndeac n’évoque jamais – dans son communiqué reproduit ci-dessous – de racines fondatrices, mais affirme la refondation du contrat social, à laquelle les arts et la culture doivent participer. Si nous nous en tenons au seul communiqué, il y a comme un désir de toute-puissance sous-jacent – une dynamique contemporaine sans enracinement, sans histoire multiséculaire.

Ces deux visions culturelles sont, dans leurs formulations, par trop schématiques, quand la réunion des deux permettraient peut-être de réconcilier les deux France qui ne cessent de s’opposer, loi après loi, élections après élections.

Il ne demeure de ces batailles qu’un rêve… le rêve d’enracinement et d’universalité, que le respect du patrimoine et la création contemporaine permettraient de mettre en œuvre conjointement, au nom d’un humanisme réconciliant le passé, le présent et le futur. Un rêve, guère davantage, à regarder les programmes culturels désastreux d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen.

Maussano CABRODOR

P.S. : Ce billet d’humeur a pour unique objet un point précis de la question des politiques culturelles : le rapport au temps – passé, présent et futur. Nous comprenons par ailleurs la réaction du syndicat, laissée à la libre appréciation de nos lecteurs.


Photo de Une : Telestar.

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