« L’une chante, l’autre pas » : un film à la tendresse communicative

« L’une chante, l’autre pas » : un film à la tendresse communicative
Publicité

En 1962, Pauline (Valérie Mairesse) a dix-sept ans et ne supporte pas la morale petit-bourgeois dans laquelle ses parents l’ont éduquée. Elle prépare paresseusement son bachot et consacre son temps libre à la chanson.

Elle retrouve par hasard Suzanne (Thérèse Liotard), une ancienne voisine de cinq ans son aînée, qui vit en couple avec Jérôme (Robert Dadiès), un photographe, dont elle a déjà eu deux enfants et dont elle en attend un troisième. Pauline va aider Suzanne à avorter. Entre les deux femmes se nouera une amitié qui défiera le temps.

Agnès Varda - L'une chante, l'autre pas (affiche)Quand Agnès Varda réalise L’une chante, l’autre pas en 1977, le combat pour les droits des femmes fait rage. L’engagement des militantes du Planning familial, des « salopes » du Manifeste des 343 – qu’Agnès Varda avait elle-même signé – et de Gisèle Halimi – qui apparaît dans son propre rôle dans le film – avait déjà porté quelques fruits. Mais beaucoup restait à faire pour ébranler la société française, “patriarcale et phallocratique”.

C’est dans ce contexte politique bien particulier qu’Agnès Varda sort son film. Elle aurait pu en faire un appareil propagandiste pachydermique, comme les années soixante-dix dans leur obsession militante en ont hélas beaucoup produit.

Mais L’une chante, l’autre pas réussit au contraire à rester léger. Car loin de s’attacher à faire le tableau d’une époque (elle n’évoque même pas d’un mot Mai 1968 ou la loi Veil), Agnès Varda fait avant tout le portrait de deux femmes.

Le film, qui dure deux heures, leur donne une rare épaisseur, exaltant leurs qualités (l’énergie de Pauline, la douceur de Suzanne) sans rien cacher de leurs défauts (l’irresponsabilité de la première incapable de se fixer, le fatalisme de la seconde prompte à se replier sur elle-même). Aujourd’hui, on aurait réalisé une mini-série de six épisodes les suivant au cours des années, comme le fait le film entre le gris Paris de 1962, le Soissonnais où Suzanne retourne après le suicide de Jérôme, la Côte-d’Azur où elle s’installe ensuite pour y rencontrer Pierre, l’Iran exotique où Pauline ira se marier avant d’en revenir bien vite…

Il se dégage de ce film au charme suranné, ressorti dans quelques salles parisiennes à une époque où #MeToo et #BalanceTonPorc lui donnent une nouvelle actualité, une tendresse communicative. Certaines critiques lui reprochent sa naïveté. Reconnaissons lui au contraire sa douceur.

Tony PARODI

 



Agnès Varda, L’une chante, l’autre pas, France – Belgique, 1977, 120mn

  • Ressortie : 4 juillet 2018
  • Genre : comédie dramatique
  • Classification : tous publics
  • Avec : Valérie Mairesse, Thérèse Liotard, Robert Dadiès, Mona Mairesse, Francis Lemaire, Ali Raffi, Gisèle Halimi, Jean-Pierre Pellegrin, Joëlle Papineau, Micou Papineau, Doudou Greffier, François Wertheimer
  • Image : Charles Van Damme
  • Musique : François Wertheimer, Orchidée
  • Montage : Joëlle Van Effenterre
  • Mixage : Paul Bertault
  • Distribution : Ciné Tamaris

En savoir plus sur le film avec CCSF : L’une chante, l’autre pas

Agnès Varda - L'une chante, l'autre pas, avec Valérie Mairesse, Thérèse Liotard 



Découvrir toutes nos critiques de films



Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *