11 juin 1921 : du roi David au roi Arthur

11 juin 1921 : du roi David au roi Arthur
Publicité

Instant classique – 11 juin 1921… 98 ans jour pour jour. René Morax est bien ennuyé. Ce poète vaudois a créé au début du XXe siècle un théâtre populaire le théâtre du Jorat à Mézières, près de Lausanne et y donne jusqu’à la Première Guerre mondiale des pièces mises en musique, qu’il confie le plus souvent au compositeur suisse Gustave Doret (avec un t).

Après la guerre, durant laquelle il interrompt l’activité du théâtre, Morax veut rouvrir son théâtre avec un grand drame biblique autour de la vie de David. Il vise le mois de juin 1921 mais Doret, effrayé par un délai jugé trop court (quelques mois), refuse de composer la partition. Morax est donc très contrarié et ne sait pas comment faire.

C’est le chef d’orchestre Ernest Ansermet qui lui conseille de faire appel à un jeune compositeur du coin, encore totalement inconnu ou presque, Arthur Honegger. Morax écrit à ce dernier, recommandé également par Stravinsky, en février 1921. Il lui demande rien moins que composer en quelques semaines une partition pour vingt-sept numéros distincts de quatre heures au total, qui doivent être fournis au fil de l’eau, rendant périlleuse l’unité artistique du tout.

Morax promet royalement un grand chœur entièrement amateur et un orchestre branlant doté de… dix-sept instrumentistes avec, pour pupitre de cordes, une seule contrebasse, et pas un seul violon, violoncelle ou alto. Honegger, amusé, accepte.

La création de ce patchwork improbable au théâtre du Jorat, voici tout juste quatre-vingt-dix-huit ans, remporte un énorme triomphe qui propulse Honegger au premier rang des compositeurs suisses. Conscient que cette œuvre ne pourrait s’exporter en l’état, il reprend la partition en 1923 avec l’aide de Morax qui lui doit bien ça et qui écrit un texte plus resserré.

C’est cette version en vingt-huit morceaux cette fois mais encore plus courts que dans l’original qu’on entend ici, dans ses sept premiers morceaux (introduction, cantique du berger David, psaume 1, fanfare, chant de victoire, cortège et psaume 2) sous la direction, précisément, d’Ernest Ansermet.

 Cédric MANUEL



Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



 

Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *