1er juin 1840 : Chopin se fâche

Publicité

1er juin 1840… 181 ans jour pour jour – Composé au lendemain d’un éprouvant voyage et alors que la santé de Chopin commence à se détériorer, l’impromptu n°2 est qualifié « d’agrément de salon » par son éditeur… au point que le compositeur voit rouge.

L’impromtu op. 36 n°2 de Frédéric Chopin est composé à l’automne 1839, deux ans après le n°1. Il en écrira encore deux autres. Chopin est alors chez George Sand à Nohant, de retour d’un voyage très éprouvant à Majorque avec elle et sa famille, où il a découvert le mal qui l’emportera. Ce séjour à Nohant est le premier des sept qu’il effectuera durant sa relation avec l’écrivaine et qui seront si importants pour son inspiration. Les effets de son épouvantable séjour espagnol et, peut-être, la sombre perspective qu’offre désormais sa santé, donnent à l’impromptu n°2 une coloration plus noire qu’au précédent, mais aussi plus changeante, inattendue, qui tient parfois de la ballade, de l’étude, de la marche voire du caprice.

La partition achevée (la pièce dure entre cinq et six minutes), il l’envoie quelques mois plus tard, en mai 1840, à son éditeur parisien, Troupenas, de même qu’à celui de Leipzig, Breitkopf & Härtel. Dans la foulée, il l’adresse également à l’éditeur londonien Wessel & Co. Ce dernier prévoit de publier le 1er juin 1840, avec ce titre : « Agréments au salon ». Lorsqu’il l’apprend, Chopin voit rouge : pas question de donner un titre si mièvre à une musique aussi remplie de sentiments divers et souvent autrement plus violents que ces futiles « agréments », de salon par surcroît. Malheureusement, si le terme « Impromptu » reste bien, le fâcheux titre apparaît aussi dans cette première édition de 1840. Chopin obtiendra son retrait et depuis lors, personne ne l’appelle autrement qu’impromptu n°2 voire opus 36, son numéro de catalogue.

Et tout ceci ne nous empêchera pas de l’écouter (il existe d’innombrables versions, évidemment), ici sous les doigts de Claudio Arrau, moins pressé que d’autres.

Cédric MANUEL



À chaque jour son instant classique !
Rubrique : éphéméride



 

Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *