20 février 1907 : Rimsky-Korsakov et la brume magique de Kitège

20 février 1907 : Rimsky-Korsakov et la brume magique de Kitège
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Instant classique – 20 février 1907… 112 années jour pour jour. Maître des opéras féérico-fantastiques, Nicolaï Rimsky-Korsakov entreprend dès 1899 une nouvelle œuvre avec son librettiste Vladimir Bielski, dont la gestation sera longue et difficile, comme en témoignent de nombreuses lettres entre eux.

La légende de la Cité invisible de Kitège et de la vierge Fevronia, nom complet de ce nouvel opéra, est basée sur de vieux récits du XIIIe siècle : l’un à propos de Fevronia de Mourom, un peu fée, un peu rebouteuse, patriote avant l’heure ; l’autre sur la légende de la ville disparue de Kitège, avatar de la vieille Ys en Bretagne.

Vladimir Bielski a rencontré mille difficultés pour tricoter un livret commun, aiguillonné par Rimsky-Korsakov qui voulait un opéra et non une sorte d’oratorio : « Il faut introduire un peu de réalisme dans cet opéra “liturgique” […] Est-ce que vous l’admettrez, mon cher librettiste sévère et cruel ? ». Quatre ans de travail sont nécessaires à ce dernier…

Il n’en reste pas moins que l’intensité dramatique de l’œuvre reste assez faible. Mais la musique, elle, est du meilleur Rimsky-Korsakov, étincelante de mille feux et colorée de mille nuances. Le compositeur y travaille de 1901 à 1904, manifestant régulièrement son scepticisme : « Je viens de terminer le plus imparfait des opéras imparfaits », écrit-il enfin le 16 juillet 1904. Le directeur des théâtres impériaux veut monter l’œuvre sans attendre mais il faut encore bien des mois pour que tout soit au point.

La création au théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, sous la direction de Félix Blumenfeld, il y a tout juste cent douze ans, constitue un événement majeur. L’opéra fort peu connu hors de Russie et dont on n’entend parfois que la suite pour orchestre, en particulier la saisissante « bataille de Kerjeniets » reste longtemps à l’affiche, même si les soviétiques en gomment les aspects les plus ouvertement religieux. Il y a quelques années, le Liceu de Barcelone l’a présenté dans une mise en scène admirable (une fois n’est pas coutume) de Dimitri Tcherniakov, dont voici quelques images, sur les notes du doux finale et sur ces mots : « Ici, il n’y a ni larmes, ni douleur, mais douceur et joie, joie éternelle ».

Cédric MANUEL



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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