6 novembre 1849 : 1 dans 3 dans 5

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Directeur d’une clinique orthopédique à Berlin, Franz Berwald n’a pas fait carrière dans la musique. Et pourtant, quel compositeur ! Il suffit d’écouter ses remarquables symphonies. Mais aujourd’hui, nous fêtons le 172e anniversaire de son 3e quatuor à cordes, une oeuvre à la fois intéressante, sévère et pour le moins inhabituelle. Écoutez plutôt !

Franz Berwald, je le rappelle aux étourdis qui l’auraient malencontreusement oublié, c’est le grand compositeur suédois – avec Alfvén et Atterberg. Il avait cependant la particularité de ne pas vraiment vivre de sa musique (bien lui en a pris, puisqu’il était presque totalement inconnu en tant que tel de son vivant…) et de ne pas vraiment vivre en Suède non plus.

Il ouvre une clinique orthopédique à Berlin à trente-trois ans et est l’inventeur de matériel en avance sur son temps. Il rencontre davantage de reconnaissance musicale à Vienne à partir du début des années 1840 et ne revient à Stockholm qu’en 1849, vingt ans après l’avoir quitté pour enseigner au Conservatoire. La musique finit toujours par gagner.

Hélas, il finit sa vie dans la misère en 1868… et la beauté de son œuvre n’éclate au grand jour qu’une trentaine d’années plus tard.

Voici cent soixante-douze ans, alors qu’il se trouve à Vienne, il présente son troisième quatuor à cordes. C’est une œuvre intéressante et sévère, comme son auteur, qui a une particularité assez inhabituelle : elle a trois mouvements, mais qui en cachent deux autres. Je dis « inhabituelle », mais en fait, c’est relativement fréquent : prenez le concerto n°1 de Liszt, il est pratiquement d’un seul tenant et contient pourtant quatre mouvements (alors qu’un concerto n’en contient habituellement trois, mais ce sont des règles aux innombrables exceptions).

Eh bien Berwald, c’est pareil : son quatuor semble avoir trois mouvements, mais un scherzo s’imbrique dans un mouvement lent qui s’imbrique lui-même dans un autre mouvement rapide. On se retrouve avec cinq parties, de longueur inégale et finalement attachées. Si vous ne vous y retrouvez pas, c’est normal, il n’y a qu’à l’écouter : le tout fait vingt minutes et n’est pas du tout déplaisant.

Même si je trouve que le véritable génie de Berwald s’exprime encore bien davantage dans ses remarquables symphonies, que les salles de concert feraient bien de programmer plus souvent – ou programmer tout court, car on ne les entend jamais en France, un peu plus chez nos voisins germaniques ou bien sûr nordiques !

Cédric MANUEL



Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



 

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