9 mai 1868 : avec Bruckner, la n°1 n’est pas la 1ère, la 1ère n’est pas n°1

9 mai 1868 : avec Bruckner, la n°1 n’est pas la 1ère, la 1ère n’est pas n°1
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Instant classique – 9 mai 1868… 151 ans jour pour jour. La 1ère symphonie d’Anton Bruckner n’est pas la 1ère. Il y avait eu auparavant une symphonie n°… 0 (que Bruckner reniera comme un simple « essai ») et même une « double 0 », dont on ignore s’il s’agissait d’un 0 pointé ou d’un code secret.

En 1865, il entame ce qu’il baptisera « symphonie 1 » à Linz alors qu’il aborde sa 41e année. Il l’achèvera en 1866, non sans avoir subi l’influence de Tristan et Isolde de Wagner, qui l’éblouit, comme une révélation divine. Le chef Hans von Bülow, à qui Wagner vient pourtant de piquer la femme Cosima la fille de Liszt lui présente ce dernier. Comme un enfant devant son idole, Bruckner donne l’impression d’avoir vu Dieu en personne et Wagner, aussi mauvais que d’habitude, le regardera avec toute la condescendance possible.

La création de la « 1ère » symphonie de Bruckner ainsi achevée sous ces auspices a donc lieu il y a tout juste 151 ans à Linz. C’est pourquoi on parle toujours de la version de Linz, qui est fort heureusement la plus communément reprise aujourd’hui.

Car, comme à sa fâcheuse habitude, Bruckner se laissera convaincre plus de vingt ans après, par de vils conseils « amis », que sa symphonie doit être remodelée. Le grand chef Hermann Levi a beau lui jurer qu’il ne faut toucher à rien, Bruckner s’entête et produit une nouvelle version dite « de Vienne ». Pour cette fois, la bonne version (la première de cette 1ère) n’est pas supplantée.

Il s’agit d’une partition relativement courte quand on la compare à celles qui suivront, qui toutes seront plus longues (jusqu’à 1h25 pour la 8e). Elle ne porte pas encore la marque des grandes fresques mystiques qui viendront et n’est pas l’un des grands chefs-d’œuvre du compositeur, mais elle adopte un discours volontaire dans lequel le style de Bruckner s’affirme déjà. C’est par exemple le cas dans ce scherzo fougueux, qui reste l’extrait le plus connu de l’œuvre, ici par l’un des plus grands brucknériens du siècle dernier, Eugen Jochum. Deux intégrales au disque à son actif. Celle-ci est un extrait de la 1ère décidément… des deux avec Berlin, au milieu des années 60.

 Cédric MANUEL



Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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