9 mars 1842 : « Nabucco »… naissance d’un génie

9 mars 1842 : « Nabucco »… naissance d’un génie
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Instant classique – 9 mars 1842… 176 années jour pour jour. Verdi a un peu enjolivé la genèse de son premier immense succès, Nabucco, son 3e opéra. Il a longtemps fait croire qu’après l’échec monumental de son opéra-bouffe Un giorno di regno, lui-même consécutif à un épouvantable drame personnel (il avait perdu en quelques mois ses deux jeunes enfants et sa première femme, tous trois morts brutalement), il avait renoncé à composer.

Il serait alors tombé par hasard sur le fameux vers « Va pensiero sull’ali dorate », qui allait devenir l’immortel chœur des Hébreux. Tout ceci est évidemment trop beau pour être vrai…

En réalité, Giuseppe Verdi avait dédaigné pendant des mois le texte du livret, écrit par Temistocle Solera, que l’impresario de la Scala de Milan lui avait envoyé et qui était destiné au départ au compositeur Otto Nicolaï. Puis il s’était mis au travail par bribes.

Achevé à l’automne 1841 (Verdi a alors 28 ans), l’opéra a failli ne pas être créé en raison d’une mésentente entre le directeur de la Scala et Verdi sur le moment de la création. C’est grâce à la future créatrice du rôle de la vaniteuse Abigaïlle que la situation se débloque : le 9 mars 1842 est décidé. Ce sera l’un des plus grands triomphes que l’histoire de la Scala ait connu et le véritable début de la carrière d’un des grands géants de l’histoire de l’art lyrique.

Mais au fait, la créatrice du rôle (terrible pour la voix tant il est difficile) d’Abigaïlle, grâce à qui tout ceci a été rendu possible, s’appelait Giuseppina Strepponi, grande soprano déjà en fin de carrière mais aussi, comme souvent à l’époque, demi-mondaine. Elle était influente et aimait l’œuvre de Verdi qu’elle voulait absolument chanter elle-même (la légende veut qu’elle s’y soit cassé la voix). Mais surtout, elle n’allait pas tarder à aimer l’auteur lui-même et à devenir sa seconde compagne jusqu’à la fin de sa vie, au prix – en tout cas au départ – d’une espèce de scandale très XIXe siècle, que Verdi n’allait pas oublier au moment de composer La Traviata, comme on l’a vu il y a quelques jours…

Nabucco est une œuvre digne du sujet biblique qu’il met en musique, foudroyant mais aussi élégiaque, solennel. Il fourmille d’airs, de cabalettes, de chœurs tous plus enthousiasmants les uns que les autres ; lorsqu’on va le voir « en vrai », on ne voit pas le temps passer.

Cet extrait est très révélateur des climats qu’on y trouve : un orchestre agité, une mélodie tendre, une marche funèbre, puis une prière de Nabucco au dieu des Juifs pour l’aider à sauver sa fille Fenena des griffes d’Abigaïlle, et enfin un chœur guerrier vivacissimo. Irrésistible. Ici dans une version qui fit grand bruit à sa sortie, il y a plus de 30 ans, mais dont la direction musicale est assez discutable.

 Photographie de Une – Nabucco au Metropolitan Opera, dir. James Levine (crédits Marty Sohl)


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