2 février 1869 : c’est curieux, chez Strauss, ce besoin de faire des valses !

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Instant classique – 2 février 1869… 152 ans jour pour jour. Johann Strauss fils compose un petit chef-d’œuvre trop méconnu. Malgré le caractère enjoué et même épicurien de son titre, « Vin, femme et chanson », la partition est plus fine qu’il y paraît, très équilibrée, un rien majestueuse et même très savante au départ, puis toute en légèreté.

Voici 152 ans aujourd’hui est créée à la Diana-Baad saal à Vienne l’une des plus fameuses valses de Johann Strauss fils, quoi que bien moins connue que le Beau Danube bleu, celle de l’Empereur ou encore Sang viennois. Il s’agit en effet de Wein, weib und gesang, littéralement « Vin, femme et chanson », qu’on a traduit en France par « Aimer, boire et chanter ».

À l’origine, c’est une valse écrite pour un chœur, et plus précisément pour l’association chorale masculine de Vienne, à l’occasion du carnaval des fous. Elle est dédiée à Johann von Herbeck, leur chef honoraire, qui les avait dirigé longtemps jusqu’en 1866, qui est surtout un grand chef d’orchestre, créateur de la symphonie inachevée de Schubert (qui n’avait été retrouvée qu’en 1865, trente-sept ans après la mort du jeune homme) et également grand défenseur (envers et contre tout) d’Anton Bruckner, alors totalement vilipendé en tant que compositeur. Mais c’est là une autre histoire.

Strauss, lui, réalise avec cette nouvelle valse un petit chef-d’œuvre trop méconnu, sur la base d’un vers attribué à Martin Luther qui dit en substance : « Qui n’aime pas le vin, les femmes et les chants restera un fou toute sa vie… » Rien que ça ! Ce 2 février 1869, donc, Strauss ne dirige exceptionnellement pas son orchestre. Il est dans l’assistance, déguisé en pèlerin. C’est le successeur à la tête du chœur de Johann von Herbeck, un certain Rudolf Weinwurm (ce qui en français donnerait… ver de vin, ce qui est, disons-le, assez cocasse…), qui dirige les musiciens.

Malgré le caractère enjoué et même épicurien de son titre, la partition est plus fine qu’il y paraît, très équilibrée, un rien majestueuse et même très savante au départ, puis toute en légèreté. Elle est d’ailleurs d’emblée portée au pinacle par Richard Wagner et par le vieil ami de Strauss fils, Johannes Brahms. Dès le lendemain, la presse viennoise rivalise d’enthousiasme, qualifiant cette valse de « meilleure de son auteur depuis longtemps ». Pour tout dire, Alban Berg en fera même une transcription pour quatuor à cordes, harmonium et piano.

La version purement orchestre, que je préfère vous proposer ici, n’est créée que quelques semaines plus tard, mais vous ne m’en voudrez pas. C’est aussi l’occasion pour moi de rendre hommage à l’un de nos très grands chefs, Georges Prêtre, dont les deux apparitions au fameux Concert du Nouvel An à Vienne ont été de très bons crus de ce rendez-vous souvent très plan plan. Le voici ici en 2010 et c’est très beau.

Cédric MANUEL

 



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



 

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