25 juin 1910 : l’envol de Stravinsky

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25 juin 1910… 111 années jour pour jour. Stravinsky compose une fascinante fresque symphonique de près de trois heures, qui provoque l’enthousiasme de Debussy, Ravel, de Falla ou encore Satie : L’Oiseau de feu. Succès phénoménal, le ballet consacre le jeune auteur au premier rang des compositeurs du XXe siècle.

En 1909-1910, Igor Stravinsky, remarqué par le célèbre créateur des Ballets russes Diaghilev, pour son scherzo fantastique notamment, reçoit la commande d’une musique de ballet. Le livret en est concocté par Mikhail Fokine, qui signera aussi la chorégraphie, à partir d’un conte russe très populaire : L’Oiseau de feu. Si c’est lui que choisit Serge de Diaghilev, c’est qu’un autre compositeur, plus confirmé, Anatole Liadov, n’arrive pas à écrire le ballet dans les temps requis (Liadov est un excellent compositeur, mais un peu poussif et c’est pourquoi il fait des pièces généralement très courtes. Alors, un ballet, pensez donc !). Stravinsky, lui, a tout du jeune homme pressé (il a vingt-huit ans) et il compose vite.

C’est l’histoire d’Ivan Tsarévitch « qui voit en rêve un oiseau merveilleux, tout d’or et de flammes. Il le poursuit sans pouvoir s’en emparer et ne réussit qu’à lui arracher une de ses plumes scintillantes. Sa poursuite l’a amené jusque dans les domaines de Katschei l’Immortel, redoutable demi-dieu qui veut s’emparer de lui et le changer en pierre, ainsi qu’il le fit avec maints preux chevaliers. Mais les filles de Katschei et les treize princesses, ses captives, intercèdent et s’efforcent de sauver Ivan Tsarévitch. Survient l’Oiseau de feu qui dissipe les enchantements. Le château de Katschei disparaît et les jeunes filles, les princesses, Ivan Tsarévitch et les chevaliers délivrés s’emparent des précieuses pommes d’or de son jardin. »

Le succès du ballet lors de sa création voici tout juste cent onze ans à l’Opéra de Paris sous la direction de Gabriel Pierné, est phénoménal. Diaghilev s’exclame : « Notez-le bien, c’est un homme à la veille de la gloire. » À l’issue du spectacle, Debussy court féliciter le compositeur. Ravel, de Falla, Satie sont éblouis par cette musique nouvelle.

Sans doute Stravinsky s’est-il souvenu, lui qui fut l’élève de Rimsky-Korsakov, mort à peine deux ans plus tôt, que l’un des derniers opéras du génial compositeur russe était précisément Katschei l’Immortel… En tout cas, sa musique inventive, annonciatrice des autres chefs-d’œuvre à venir (Petrouchka, puis Le Sacre du printemps) consacre le jeune auteur au premier rang des compositeurs avec lesquels il faudrait compter au XXe siècle.

Vaste fresque symphonique, le ballet dure trois quarts d’heure, mais Stravinsky en tirera, comme toujours, trois suites d’orchestre (1911, 1919 et 1945), qui sont les plus jouées aujourd’hui et figurent – notamment la deuxième – très régulièrement au programme des concerts. Je peux vous dire que c’est une musique absolument fascinante en live et vous pouvez deviner toute l’impatience qui fut la mienne de retrouver les émotions du concert, lors des périodes de confinement…

En attendant, c’est quand même la version originale que je vous propose, dirigée par un grand maître de cette musique, le Hongrois Antal Doráti, à la tête de l’orchestre symphonique de Detroit. Son interprétation est moins démonstrative que d’autres, mais elle est d’une implacable rigueur. En voici la scène finale : le château s’écroule, tout le monde est libéré dans la joie, puis s’ouvre aux yeux de tous le merveilleux jardin aux pommes d’or.

Fermez les yeux et profitez.

Cédric MANUEL



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



 

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