L’indemnisation du chômage pour les artistes en Australie

L’indemnisation du chômage pour les artistes en Australie
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Si les sportifs ont été aidés par Canberra pendant la crise sanitaire, les artistes ont été laissés sur le carreau. Rien d’étonnant quand on sait que l’Australie n’a jamais mis en place de régime d’indemnisation prenant en compte les spécificités de la vie artistique.
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Le régime de l’intermittence est, on le sait, une exception française. Mais qu’en est-il dans les autres pays ? Nous vous proposons un petit tour à l’international au fil des semaines. Aujourd’hui : l’Australie


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Les artistes en Australie ne possèdent aucun régime d’indemnisation du chômage tel que la France le propose au travers de l’intermittence. Ainsi, les acteurs entre deux emplois, par exemple, travaillent en tant que barmen, serveurs, plongeurs ou autres métiers pas trop difficiles d’accès. Ils pointent au chômage s’ils le peuvent et/ou créent leur propre travail artistique dans la rue, font du stand-up ou du théâtre coopératif. En dépit des fermetures d’établissements liées à la crise sanitaire, la plupart des artistes n’ont reçu aucun soutien financier de la part de Canberra. Face à la pandémie, le gouvernement australien s’est plus soucié du monde du sport que de celui du spectacle.

Ainsi les artistes australiens sont soumis au même régime d’indemnisation du chômage que les autres travailleurs à travers la newstart allowance ou allocation nouveau départ dans la langue de Molière. Cette allocation est versée aux personnes sans emploi qui ont plus de 22 ans, les plus jeunes pouvant se rabattre vers une autre allocation, et qui recherchent activement un emploi dit convenablement rémunéré en répondant aux exigences d’un plan de parcours professionnel ou job plan.

Le job plan est un contrat par lequel le chercheur d’emploi indemnisé s’engage au respect de certaines obligations telles que les exigences de recherche d’emploi, l’obligation d’assister aux rendez-vous du Department of employement, l’obligation de se présenter aux entretiens d’embauche avec des employeurs potentiels et l’obligation de suivre toute recommandation du Department of employement. Il comprend également des exigences d’activité annuelles et l’obligation de participer à toute autre activité appropriée qui permettra à un demandeur d’emploi d’améliorer ses perspectives d’être recruté. Autant le dire clairement, avoir le temps de monter des projets artistiques ou d’améliorer ses compétences dans son domaine artistique n’appartient pas aux obligations possibles du job plan.

S’il parvient à remplir les conditions de contribution, le montant maximum que peut recevoir l’allocataire varie en fonction de la situation personnelle. Elle varie entre, pour une personne célibataire et sans enfants, 555,70 dollars australiens (soit 351,86 euros) pour deux semaines et, pour les personnes célibataires avec des enfants à charge et qui sont dans des situations particulières (grande distance de l’école des enfants, famille nombreuse, etc.), 776,10 dollars (soit 491,41 euros) pour quinze jours également. La durée maximum de versement de l’allocation nouveau départ est de 6 mois.

Terminons ce tour du monde sélectif des modes d’indemnisations du chômage des artistes par un bref retour au marché de l’emploi lui-même. Une étude du département d’économie de l’université Macquarie en Nouvelles-Galles du Sud sur les revenus 2016 et 2017 de 826 artistes a révélé que les femmes gagnent en moyenne 30 % de moins que leurs congénères masculins.

En France, les écarts de salaire horaire net dans le secteur des arts, spectacles et activités récréatives sont de 31,5 % en défaveur des femmes. La comparaison est éloquente. Si la France est le seul pays à posséder un régime d’indemnisation du chômage d’exception en faveur des artistes, elle est loin d’être exemplaire sur le sujet de l’égalité des rémunérations entre les sexes. Si la loi peut toujours créer des incitations et des garde-fous, c’est une prise de conscience collective du milieu professionnel qui est ici nécessaire.

Julien MONNIER

Avocat au Barreau de Nantes

Retrouvez notre série sur l’indemnisation du chômage dans le monde :
1/ en Belgique
2/ en Italie
3/ en Allemagne et en Autriche
4/ au Royaume-Uni et en Irlande
5/ en Finlande, Suède et Norvège
6/ au Maroc
7/ en Argentine
8/ en Israël
9/ au Japon

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