Restez chez vous, dehors, c’est dangereux !

Restez chez vous, dehors, c’est dangereux !
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Où notre chroniqueur passablement énervé, déprimé ou on ne sait trop quoi, fait le point avec lui-même, sur la terreur sanitaire en cours et le confinement nouveau qui débute.

RESTEZ CHEZ VOUS

Marianne entre, chantant, sur un air célèbre :
Décapitez-moi
oui mais pas tout de suite
pas trop vite
On l’exauce.

Nice

Parfois, le titre de ces chroniques, Restez chez vous, ayant été dévoyé à des fins notoires d’atteintes aux libertés publiques, l’idée me vient d’en chercher un autre. Mais il ne me vient que des grossièretés vraiment dégueulasses, qu’ici je vous épargne.

Comme quoi ?

Non, non, merci, vraiment. Parfois, j’en ai qui font appel à des références littéraires fortes. Je trouve ça bien, puis je me souviens que je m’adresse au milieu culturel.

Comme ?

En attendant Oreste.

Tu nous prends pour des truffes ? Tu veux dire qu’Égisthe et Clytemnestre sont au pouvoir ?

Et que le pauvre Agamemnon gît dans sa baignoire, la hache encore en travers du buffet.

Avignon

Les théâtres étant fermés, du fait du couvre-feu démocratique puis du deuxième confinement méritocratique (les troisième, quatrième, énième vagues suivront…), les amateurs de théâtre (qui sont souvent ceux qui le font, les autres, pas fous, préférant Netflix) se sont évidemment rués sur toutes les pièces éditées.

Les maisons spécialisées croulent sous les commandes.

Le théâtre complet d’Olivier Py, un sédatif très puissant, est complètement épuisé ; une souscription a été lancée pour les 22 prochains tomes, qui seront écrits pour ce Noël, qui pourrait bien être le premier sous confinement.

J’ai préféré les tragiques grecs, mais tout se vaut, vous savez.

Djedda

Achetez des nouilles, du PQ et des caisses de whisky. Surtout n’oubliez pas la ramette de papier et la cartouche d’encre, afin de vous autoriser vous-même à aller bosser, à faire pisser le chien ou à déposer un chiard à la Garderie Nationale. (Vous vous rendez compte, amis artistes, que même les professeurs non-décapités de l’Éducation Nationale — deux mots, deux mensonges —, grâce à un Protocole Sanitaire Renforcé — trois mots, trois mensonges, sans compter que le protocole est inchangé — ont été trouvés plus essentiels que nous et nos spectacles rebellocratiques-décoloniaux ! Cela tient sans doute au fait qu’ils gardent les enfants d’autres esclaves qui télé-travaillent au frais, tandis que le Monde et Libé disent la même chose, en moins chiant (c’est dire) que nos spectacles.)

Si le virus ne recule pas, on vous confinera dans les chiottes pour Noël. Et nous continuerons à dire oui-oui, car nous sommes des artistes et qu’il ne faudrait pas se griller, histoire d’être encore dans la course à l’argent public quand l’activité reprendra normalement, à la fin de l’état d’exception islamo-sanitaire, vers 2048.

Où en étais-je ? Ah oui, les nouilles, le PQ et les cubis de gros rouge.

Et les bougies et ballons, indispensables en période d’attentats islamiques !

Surtout, avec votre imprimante et votre ramette, n’essayez pas de vous rédiger une autorisation de port d’armes. En cas d’agression, laissez-vous abattre.

Et puis d’abord, restez chez vous, bordel de merde, vous vous croyez dans un pays libre ou quoi ?

Il n’est plus temps de « panacher » à la Cyrano n’abdiquant pas l’honneur d’être une cible ; je préfère me souvenir des premières phrases du discours ouvrant le film Patton : « Mettez vous dans le crâne qu’aucun pauvre con n’a jamais gagné une guerre en mourant pour son pays. On la gagne en faisant que le pauvre con d’en face meure pour son pays. »

Si ce n’est pas clair, eh bien, comment dire ? Restez chez vous. Voilà, c’est ça, restez chez vous, fermez vos gueules, ayez peur de la mort qui tue houla houla, n’oubliez pas que vous êtes des citoyens non-essentiels. Des gens qui ne sont rien. Et qui n’ont même pas de dents.

Restez chez vous, vous pourriez attraper le gros rhume qui pue la mort et le refiler à Mémé. Et ça, ce n’est pas bon pour les stats, et les stats, comme chacun sait, dans un État moderne, c’est la vie.

D’ailleurs, si nous avons de la chance, nous verrons le passage au COVID-20 (puisque nous sommes toujours sous celui de l’année dernière — je dis sous exprès, ça me fait penser aux bien-nommés systèmes d’exploitation. Ce serait amusant, ce COVID-20, qu’il arrive avec le Beaujolais nouveau. Oh, les joyeux apéros Zoom en perspective !

Lyon

Cette chronique est publiée le samedi 31 novembre. Je l’écris le jeudi 29. Chaque blanc entre les paragraphes correspond à un attentat.

— Y en a des attentats aujourd’hui, dis donc.

— Oui, c’est l’anniversaire du prophète.

— Ah, c’est culturel, alors.

— Trop cool.

Sartrouville

Un contact de mes contacts sur un réseau social cite une phrase du pape François, datée du 14 septembre 2016. Pour ceux de mes lecteurs qui l’ignoreraient, le pape François est à l’État du Vatican ce que fut François Hollande à la République française : un garçon qui s’est surtout fait connaître pour ses petites blagues (deux recueils déjà disponibles).

« Tuer au nom de Dieu est satanique. »

Mahomet, de son vivant déjà, avait beaucoup tué au nom de Dieu. Dante, un poète qui ne donne pas dans la petite blague, lui, a collé pour toujours ce prophète à la noix en Enfer, au huitième cercle, neuvième bolge, c’est-à-dire à l’endroit réservé aux fauteurs de schisme et de discorde. Il y subit ce tourment d’être comme un tonneau qui fuit sans cesse ouvert « du menton au trou qui pète », les boyaux pendant entre ses jambes, et, à vue, « les poumons et le sac affreux qui fabrique la merde avec ce qu’on avale ». Idem pour son calife de gendre Ali, d’ailleurs.

Hop. Voilà qui n’est pas très œcul-bénique, c’est sûr. Je me demande s’il ne faudrait pas réécrire ce passage. Il suffirait de changer les prénoms. Jean-Luc et Clémentine, ça aurait de la gueule.

Voilà. Joyeux confinement à tous les hommes libres !

Pascal ADAM

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Avec un goût prononcé pour le paradoxe, la provocation, voire la mauvaise foi, le dramaturge, metteur en scène et comédien Pascal Adam prend sa plume pour donner un ultime conseil : « Restez chez vous » ! Tel est le titre de sa chronique bimensuelle, tendre et féroce, libre et caustique.



 

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